Sciences humaines et sociales : “Il est important que les entreprises prennent en compte ce que la recherche développe”

Sciences humaines et sociales : “Il est important que les entreprises prennent en compte ce que la recherche développe”

Sciences humaines et sociales - Interview de Coline Hehn

Les sciences humaines et sociales jouent un rôle crucial en fournissant une compréhension approfondie des comportements et des attitudes des individus et des groupes, particulièrement précieuse pour les entreprises.

Découvrez l’interview de Coline Hehn, Vice-Présidente d’AD CIFRE SHS avec qui nous sommes partenaires. Elle est également doctorante en sciences humaines et sociales, plus précisément en psychologie de la santé.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel et universitaire et de ce qui vous a conduit à travailler dans le domaine des sciences humaines et sociales ?

Le début de mon parcours universitaire n’a pas été aisé. En effet, lorsque j’étais en terminale, l’idée de devoir me spécialiser dans une discipline m’effrayait car je ne voulais pas perdre cette pluridisciplinarité que nous avions au lycée. De plus, même si je souhaitais m’orienter dans les sciences humaines, plus précisément en psychologie, assez rapidement un certain nombre de personnes m’ont déconseillé cette voie dû au manque de débouchés. Et je les ai cru. Étant issue d’une filière scientifique, j’ai donc décidé de m’orienter vers une PACES, sans réel objectif derrière si ce n’est celui de ne pas regretter de ne pas l’avoir tenté.

À ce jour, je ne regrette pas ce choix et je suis même contente d’être passée par cette année dure et compliquée pour développer une réelle méthodologie de travail rigoureuse et un rythme.

C’est à la fin de ces deux semestres que j’ai décidé de me réorienter vers les sciences humaines et plus spécifiquement en psychologie, un véritable choix du cœur, choix qui a été longuement mûri. Je me suis tout de suite épanouie dans cette discipline qui avait, à mes yeux, tous les avantages que je cherchais : de la clinique, de la recherche, de nombreuses branches à explorer, une multitude de facettes et des sciences humaines.

J’ai effectué mes trois années de licence à Nancy dont un semestre en Erasmus, en Pologne, à Cracovie, où j’ai découvert la psychologie de la santé. Le coup de cœur a été immédiat. Lors des choix pour le master, j’ai donc candidaté pour les masters de psychologie clinique de la santé à travers la France et j’ai eu la chance d’y avoir été admise.

Une fois mon diplôme de master en poche, dans l’attente de trouver un financement pour ma thèse, j’ai travaillé en tant qu’ingénieure de recherche et de formation sur un projet de mon futur laboratoire, à Metz. Cela m’a permis de garder un pied dans la recherche. Ces quelques mois au cœur même de la recherche n’ont fait que conforter ma volonté de partir dans cette voie. J’ai eu de la chance de trouver finalement un financement CIFRE que j’ai débuté un an après l’obtention de mon diplôme et de mon titre de psychologue clinicienne, psychothérapeute. Les sciences humaines me paraissent plus qu’évidentes chaque jour et je suis réellement épanouie en psychologie de la santé.

Vous êtes Vice-Présidente d’AD CIFRE SHS, pouvez-vous nous expliquer plus en détail en quoi consiste votre rôle ? Comment votre association peut-elle contribuer à rapprocher les chercheurs et les entreprises, en particulier dans le domaine des sciences humaines et sociales ?

J’ai eu l’occasion de découvrir l’association AD CIFRE SHS lorsque j’étais en première année de doctorat. Cette association m’a permis de percevoir le doctorat CIFRE sous un nouvel angle. J’ai eu l’opportunité de rencontrer et de discuter avec de nouvelles personnes qui vivaient un doctorat similaire au mien et cela a eu l’effet d’une bouffée d’air frais. C’est pour cette raison que j’ai décidé de m’investir au sein de l’association en tant que Vice-Présidente quelques mois plus tard. Pour pouvoir aider à la faire connaître auprès des doctorants, des docteurs, des écoles doctorales, des directeurs de thèse, des institutions. Mais aussi pour pouvoir aider à la faire vivre et se développer.

Mon rôle de Vice-Présidente me permet de faire tout un tas de tâches comme être en contact avec les écoles doctorales de France, être au cœur de l’élaboration de nouveaux projets avec le reste du bureau, de pouvoir en monter certains comme les WebiCIFRE dont l’un d’entre eux a été réalisé avec Okay Doc, de pouvoir essayer de répondre aux demandes de nos adhérents, de participer à des événements pour représenter l’association…

Les CIFRE en SHS sont peu nombreuses et il est donc essentiel de pouvoir faire connaître AD CIFRE SHS afin que ce type de financement, en SHS, soit plus connu par les entreprises mais aussi par le monde universitaire.

Comment pensez-vous que les entreprises peuvent bénéficier des résultats de vos recherches en psychologie de la santé ?

Mes travaux sont réalisés avec les personnes atteintes d’un diabète sur leur qualité de vie. De ce fait, mes recherches en psychologie de la santé peuvent concerner différents types de publics en commençant par les patients eux-mêmes, les professionnels de santé mais également les hôpitaux, les associations de patients, voire les autorités de santé. Ma thèse cherche à construire une boîte à outils à l’intention des patients, leur permettant de développer leur flexibilité psychologique et être moins rigide psychologiquement.

Ainsi, les retombées peuvent être nombreuses et peuvent servir un grand nombre de personnes.

Comment voyez-vous l’évolution de la collaboration entre entreprises et chercheurs en sciences humaines et sociales ? En quoi est-ce important selon vous ?

Les sciences humaines et sociales font partie intégrante de notre vie quotidienne et les travaux menés à ce jour permettent de rendre compte et expliquer des phénomènes qui se déroulent dans notre société, qui plus est dans les entreprises. Les politiques de santé publique sont donc très importantes à développer et à perpétuer pour continuer à prendre en considération l’impact de la santé, le mieux-être et le bien vivre. En travaillant sur ces thématiques, qu’on retrouve notamment en psychologie de la santé, cela peut permettre d’avoir de meilleures adhésions thérapeutiques, de développer des structures d’accompagnement, des associations de patients… La clinique ou le terrain apportent énormément d’éléments à la recherche qui les prend en considération mais l’inverse est vrai aussi.

Il est important que les entreprises prennent en compte ce que la recherche développe comme les modèles théoriques et les recommandations formulées pour améliorer la qualité de vie des personnes travaillant au sein des entreprises. En tant que doctorante en psychologie de la santé, cela me semble ainsi particulièrement important de poursuivre cette dynamique.

Quelles sont les qualités ou compétences clés que vous considérez essentielles pour un chercheur en sciences humaines et sociales ?

Une personne travaillant en sciences humaines et sociales doit être curieuse. Curieuse vis-à-vis de la littérature internationale et des nouvelles avancées pour être à jour dans la recherche.

Curieuse vis-à-vis des congrès et des colloques de sa discipline pour découvrir de nombreux projets de recherche innovants, qui peuvent parfois faire écho à ses propres travaux. Curieuse de ses pairs, que cela soit ses collègues de laboratoires ou des personnes travaillant dans la même discipline, car c’est en étant avec les autres que nos réflexions vont plus loin et sont plus construites et poussées.

Un chercheur doit être rigoureux dans sa méthode de travail, savoir bien s’entourer, être passionné par ses travaux, savoir se remettre en question et enfin je dirais créatif. Pourquoi créatif ? Tout simplement parce qu’un bon chercheur, à mes yeux, doit savoir comment communiquer ses travaux et les vulgariser à toutes sortes de publics. Et pour cela, il faut savoir faire preuve de créativité et d’inventivité.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes chercheurs (doctorants et jeunes docteurs) en sciences humaines et sociales pour leur carrière professionnelle ?

Alors, il est compliqué pour moi de donner des conseils à de jeunes docteurs, n’étant moi-même qu’en deuxième année, mais si je devais discuter avec une personne en première année de doctorat, je lui dirais de bien se préparer, à différents niveaux. Mentalement, physiquement mais également vis-à-vis de son environnement. Ce que je veux dire par là, c’est que le doctorat est un marathon. Il est essentiel de savoir bien s’entourer et de se créer un bon environnement de travail, avec un rythme et un lieu où on peut s’épanouir et se concentrer sur ses projets de recherche.

Cela peut paraître assez simple comme conseils et pourtant, à mes yeux, ils me semblent essentiels. À la fois pour la période du doctorat mais également pour notre carrière après l’obtention de la thèse. Et naturellement, j’ajouterais qu’il faut apprendre à prendre des temps de pause pour pouvoir être en forme sur le long terme et ne pas s’épuiser à la tâche. Disons que c’est une mauvaise habitude qu’on peut rapidement avoir et qu’il est nécessaire de retravailler.

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