Manifeste pour la recherche en France

Le doctorat est perçu comme une formation d’élite dans le monde entier, pourtant le manque de reconnaissance des docteurs, et par extension des chercheurs en France est aisément perceptible dans les enquêtes annuelles notamment sur l’insertion professionnelle des docteurs.

Chez Okay Doc nous avons donc fait le choix de valoriser leur valeur ajoutée auprès des organisations de toutes tailles et en particulier des entreprises qui souhaitent innover.

Busy business people walking

Acculturer mutuellement les doctorants et les entreprises

De nombreuses études montrent que les docteurs ont à leur disposition un ensemble de compétences pouvant servir de levier puissant à l’innovation. Le doctorat est le diplôme universitaire le plus élevé qui demande de la passion et un grand investissement. Une des grandes plus-values d’un doctorat, parfois peu visible mais bien réelle, est l’appréhension des difficultés et la recherche incessante d’aller au-delà du statu quo. Cette abnégation doit dépasser les aprioris négatifs sur les études longues. Tout au long de la formation de chercheur, il est nécessaire de soumettre à publication des articles de recherche au sein de prestigieuses revues scientifiques, ce qui implique un niveau d’écriture et de prise de recul d’une qualité particulièrement élevée. L’aventure de la thèse est également très formatrice en matière de communication puisque qu’un jeune docteur a passé une grande partie de son temps de travail à mettre en forme et présenter ses résultats en de multiples occasions : résumés des recherches, échanges avec son équipe, présentations lors de conférences, vulgarisation des travaux scientifiques.

Si les atouts des chercheurs sont indéniables, il est également important de lutter contre l’opposition sempiternelle entre les sciences dites dures et les sciences humaines et sociales car cette vue de l’esprit laisse planer l’idée latente que certaines sciences requièrent des approches validées empiriquement tandis que d’autres auraient des fondations moins stables. En plus d’être totalement erroné, ce biais empêche une bonne utilisation de certaines compétences et approches irremplaçables dans la course à l’innovation. Aujourd’hui, les entreprises désireuses d’installer un processus d’innovation durable ont tout autant besoin de chercheurs en psychologie cognitive que d’experts en marketing, de géographes, d’ergonomes, voire de philosophes.

À l’aube du XXIème siècle, ce sera la capacité des dirigeants à combiner ces talents qui permettra de se réinventer, de faire preuve de créativité et d’investir dans de nouveaux business model inédits. Ces nouveaux modes d’organisation peuvent être enrichis constamment par l’esprit de la recherche et galvanisé par des experts de pointe en provenance de domaines très variés. Ces modèles sont aujourd’hui exploités notamment par les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), qui ont bien compris leur potentiel pour le développement à moyen et long terme de toute entreprise.

La plus-value du doctorat pour les entreprises et l’innovation

La valorisation du doctorat implique de nouveaux modes de collaboration entre le monde académique et les entreprises. Les entreprises et les chercheurs doivent comprendre que leur survie demain est conditionnée à leur capacité à collaborer. Un chercheur doit autant s’intéresser à l’entreprise que l’entreprise doit être convaincue des apports de la recherche. Un problème de fond subsiste, il s’agit du manque de communication et de lien entre le monde universitaire et celui de l’entreprise. Même si des efforts ont été réalisés ces dernières années, le chemin à parcourir reste long et escarpé.

Alors que l’Europe a pris du retard dans la plupart des secteurs technologiques en comparaison aux Etats-Unis ou à la Chine, la variété des travaux de recherche en France pourrait constituer un facteur clé de la compétitivité des entreprises françaises en transformant les relations d’affaires et en étant à l’origine d’une réorganisation des méthodes de conception et de production. Les succès de la Silicon Valley illustrent le potentiel des nouveaux modes d’innovation et de croissance économique. Dans ce « modèle », les liens entre universités et industrie constituent un élément central.

Pour tirer leur épingle du jeu les entreprises françaises qui souhaitent innover doivent aussi « jouer le jeu » en articulant le court terme et le long terme : urgence de la reprise économique, et du remplissage des carnets de commande, long terme de pérennisation des places sur le marché et de l’écologie et la sauvegarde des équilibres terrestres, climatiques et biologiques. L’objectif est de construire un dialogue réel, exigeant et patient, entre les compétences diverses des experts de plusieurs disciplines, et les préoccupations des entreprises.

Pourquoi les PME ont besoin des universités (et réciproquement)

D’un côté, le modèle dominant d’entrepreneuriat est encore largement celui de la « PME » en Europe. De l’autre, les start-up, forment une petite minorité des nouvelles entreprises, même parmi les entreprises technologiques. Grâce à leur objectif de croissance et à leur caractère innovant, les plus performantes ont eu un impact économique considérable, notamment aux Etats-Unis. Cependant, en Europe et surtout en France, les liens entre les PME et le monde de la recherche sont trop souvent inexistants, c’est la raison pour laquelle il est essentiel qu’elles puissent elles aussi bénéficier de l’expertise des chercheurs. Aujourd’hui, nous sommes convaincus de l’intérêt que peuvent avoir les chercheurs pour les TPE/PME innovantes en France. Encore faut-il se donner les moyens politiques, légaux, et financiers pour relever ce pari qui sera certainement gagnant.

La contribution des universités à l’innovation a été conçue trop exclusivement sous l’angle de l’essaimage de spin-offs, sur la déclaration d’invention par des chercheurs, le dépôt d’un brevet et la vente d’une licence à une start-up. L’activité de conseil (ou de consultants) des chercheurs, les publications et le recrutement des étudiants dans l’industrie doivent jouer un rôle beaucoup plus important selon nous. Il est nécessaire de prendre en compte l’ensemble des activités des universités pour comprendre leur rôle en termes d’innovation dans la société et ne pas se focaliser sur les brevets et la vente de licences. En desserrant les contraintes légales, en simplifiant le cadre administratif, et en autonomisant les doctorants (de leurs organismes de tutelle, de leur directeur et de leur Écoles Doctorales), nous pouvons libérer un potentiel jusqu’à présent sous-exploité.

Un écosystème innovant et vertueux : dépoussiérer l’image du doctorat auprès des entreprises

Okay Doc, en fédérant un écosystème d’experts et en les mettant en lien avec les besoins des entreprises, entend devenir un vecteur incontournable du dialogue fructueux entre les organisations et l’excellence de la recherche française. L’un des mécanismes d’action consiste notamment à valoriser l’expertise des chercheurs au travers de missions courtes, ce qui aura pour effet de réduire la différence de cultures entre les mondes économiques et académiques et diminuera ce frein spécifique aux processus d’innovation des entreprises. Pour notre collectif, valoriser le doctorat n’est ici ni un enjeu corporatiste, ni même disciplinaire, nous souhaitons au contraire soutenir les entreprises françaises face à une concurrence internationale toujours plus inventive, culturellement décalée et avec des contraintes réglementaires parfois plus avantageuses.

Okay Doc souhaite constituer un nouvel écosystème innovant et vertueux avec l’ensemble des petites, moyennes et grandes entreprises ainsi que les organisations publiques à travers la mise en place d’un cadre juridique adaptée à la collaboration :

– Valorisation des résultats de la recherche scientifique et technique ;
– Diffusion de l’information scientifique et technique (note de recherche, formation, etc.) ;
– Conseils aux entreprises, aux administrations (Sélection d’experts freelance, recrutement CIFRE, jeunes doctorants) ;
– Missions d’expertise liées au sujet de thèse ou aux compétences doctorales.

Sur la base du modèle de la triple hélice qui favorise l’innovation, Okay Doc construit une offre de valeur pour instaurer des partenariats trois fois gagnants entre les universités, les entreprises et docteurs. En bénéficiant d’effets de réseau, de système, d’agrégation, d’intelligence collective, Okay Doc constitue la nouvelle plateforme des forces innovantes, d’échange de compétences, de professionnalisation, de recrutement, de médiation scientifique, de valorisation dont les effets bénéfiques sont nombreux :

Pour les entreprises :
– Gagner la course mondiale à l’innovation ;
– Développer de nouveaux produits ou concepts ;
– Faire évoluer les processus des stratégies des organisations.

Pour les doctorants et docteurs :
– Diminuer la précarité grâce à des missions adaptées aux docteurs ;
– Bénéficier d’un complément de formation « sur le terrain » ;
– Accroître son insertion professionnelle grâce à une connaissance renforcée des entreprises.

Pour les Universités, et l’écosystème français de la Recherche :
– Diminuer les abandons de thèse du fait des encouragements, de la socialisation, du meilleur confort financier ;
– Accroître la constitution de réseaux multidisciplinaires pour des projets communs ;
– Augmenter le nombre d’inscriptions en thèse grâce à la revalorisation et l’attractivité de la recherche.

Rédacteurs

Yann-Maël LARHER

Yann-Maël Larher

Docteur en Droit
Avocat en droit du numérique

charles aymard

Charles Aymard

Docteur en Sciences de gestion