Doctorat : revendiquez votre esprit scientifique auprès des recruteurs !
Comment les chercheurs peuvent-ils valoriser leur expertise auprès des entreprises ? Comment sensibiliser les organisations à leurs compétences transverses ? Dans le cadre du premier webinaire de Okay Doc, Claudine Pierron, Docteure en Sciences de l’éducation et consultante RH à l’APEC, nous indique de quelle façon elle accompagne les chercheurs et les entreprises au sein de l’APEC.
Liste des questions
C’est quoi l’APEC ? Comment accompagnez-vous les chercheurs et les entreprises ?
L’APEC c’est l’Association Pour l’Emploi des Cadres, cela représente tout de même 930 salariés et 12 délégations. Aujourd’hui, nous comptabilisons environ 1,2 millions de visiteurs par jour sur notre site internet avec plus de 75 000 offres. Notre objectif, c’est d’accompagner les cadres et les jeunes diplômés en activité ou hors activité tout au long de leur parcours professionnel.
Nos activités sont pluridisciplinaires, nous avons une offre de service qui permet d’accompagner à distance et en physique tout le projet professionnel avec un accompagnement sur le potentiel marché. Nous mettons à disposition des outils qui permettent de valoriser le parcours professionnel. Il y a un réel travail à faire pour les docteurs, qui ont des “difficultés” à valoriser cette thèse et même lors de la réalisation de celle-ci, à mettre en lumière leurs compétences transverses.
Nous nous sommes rendus compte, étant docteure moi même, que les chercheurs avaient quelques difficultés à décliner leurs compétences et à les décrire, et nous avons aujourd’hui un accompagnement plus spécifique pour ces profils afin qu’ils puissent traduire leurs compétences scientifiques en compétences transverses.
Nous avions d’ailleurs conduit une étude en 2016 sur l’insertion des docteurs où une liste de l’ensemble des compétences transverses des docteurs et doctorants a été établie. C’est un public auquel nous nous intéressons de près, il s’agit de compétences qui peuvent tout à fait intéresser le secteur privé et c’est ce que nous mettons en place dans nos ateliers, à savoir, valoriser la capacité d’adaptation, d’innovation et également de collaboration avec des équipes pluridisciplinaires.
Quelles sont pour vous les qualités des docteurs les plus recherchées en entreprise ?
Il est essentiel aujourd’hui pour les docteurs de valoriser une expertise scientifique, car elle leur a permis de développer des capacités d’innovation, d’analyse critique, d’adaptation et d’apprentissage permanent. Dans ce monde en profonde mutation numérique, le docteur a tout à fait sa place dans le secteur privé. D’ailleurs, avec cette relance économique que nous connaissons actuellement, les chercheurs ont un vrai rôle à jouer, étant donné que cette expertise scientifique, le docteur a pu la développer dans des projets et des études.
Ces travaux peuvent être transposés au monde de l’entreprise qui cherche à se renouveler, à se réorganiser et à se réinventer. Le chercheur a ce don de savoir décliner les choses, de comprendre et d’émettre des hypothèses. Néanmoins, il y a un travail de sensibilisation à conduire auprès des recruteurs qui n’ont pas forcément une perception de ce qu’est véritablement un chercheur. Ces candidats ne sont pas nécessairement cantonnés à leur laboratoire de recherche et restreints à leur profil académique, ils peuvent tout à fait s’engager dans des environnements différents. Le docteur a donc tout intérêt à repérer les nouveaux contextes de travail pour développer ses compétences transverses.
Selon vous, quelles sont les raisons qui peuvent pousser les entreprises à recruter un chercheur ?
Il y a évidemment l’innovation, mais pas seulement. En effet, le chercheur est en capacité aujourd’hui d’être un bon chef de projet puisque la thèse elle-même est un projet qui est long, où il faut montrer de la persévérance. Il a cette capacité de rassembler des éléments, des informations, de les trier et de les relier. Pour l’entreprise qui a un projet d’avenir, de réorganisation ou de développement, le chercheur a sa place dans le secteur privé. Il y a une adaptabilité forte des chercheurs à mettre en exergue auprès des recruteurs et des entreprises.
Comment identifier les compétences des chercheurs quand on ne maîtrise pas les mêmes codes ?
Il y a un travail préalable pédagogique à faire avec les chercheurs pour qu’ils puissent utiliser les bons mots. Effectivement, pour intégrer le secteur privé, il y a des codes d’entreprise, un champ lexical différent à maîtriser. Au sein de l’APEC, nous proposons de les accompagner pour une relecture pour les aider à contextualiser leur domaine de recherche spécifique afin de le rendre plus accessible. C’est notre rôle également au sein de l’APEC, de les amener à identifier des offres dont ils n’auraient absolument pas soupçonné une combinaison.
Nous les invitons donc à travailler sur des offres de recherche, de R&D, de stratégie, où ils vont pouvoir revisiter leur CV et leur profil. Leur CV est bien souvent très académique, destiné à leurs pairs, et grâce à cet accompagnement, ils vont être en mesure d’ apporter une nouvelle déclinaison de leur parcours et de le contextualiser avec un vocabulaire beaucoup plus adapté aux entreprises privées. Ainsi, ils arrivent à mieux identifier ces compétences transverses, et donc transposables. Il est essentiel d’amener les chercheurs à travailler sur ces soft skills afin que cet esprit scientifique soit déclinable dans un secteur privé et d’identifier comment ils pourraient contribuer au sein d’une organisation au développement de l’entreprise.
Et justement comment mobiliser les soft skills des chercheurs dans son organisation ?
C’est réellement ce que nous mettons en place en ce moment à l’APEC, grâce à diverses interventions lors d’évènements. Il est nécessaire dans un premier temps de sensibiliser l’entreprise, et se dire qu’un docteur, oui c’est possible !
Il faut que le docteur travaille son pitch et clarifie son propos, qu’il apprenne à se mettre en lumière. Il faut également réussir à garder un esprit pédagogique permettant à tout le monde d’y accéder. Nous avons à cœur, à travers les actions que nous menons, de permettre aux docteurs de mieux communiquer sur leur savoir-faire, leur savoir-être et leurs soft skills et qu’ils aient une acculturation des contextes économiques et des codes d’entreprise. Dans les ateliers que nous animons, nous les invitons à travailler leur projet tout en ayant une vision du marché. C’est la raison pour laquelle nous apportons des outils de lecture économique pour établir un CV moins académique, plus accessible et qui donne la possibilité aux recruteurs non initiés l’opportunité d’envisager le recrutement de tels profils. De plus, Il y aura désormais la mention “doctorat” sur nos offres afin d’avoir une meilleure visibilité et identification.
Okay Doc est basé en Bretagne, alors que la région Bretagne est une des plus innovantes en France, comment favoriser l’intégration des chercheurs en entreprise ?
Effectivement, en Bretagne, il y a beaucoup de R&D donc bon nombre de docteurs y sont présents. À mon sens, il faut dès à présent sensibiliser les écoles doctorales, les réseaux Alumni, les PME et les institutions pour favoriser l’intégration des chercheurs sur tout le territoire. Il y a des actions à mener pour rassembler les entreprises et leur démontrer des dispositifs qui sont aujourd’hui tout à fait accessibles aux TPE et PME. Il faut ouvrir une information plus claire, des partenariats plus importants entre les institutions, les réseaux d’Alumni, etc…
Les chercheurs doivent revendiquer leur esprit scientifique car c’est une force, dans un environnement extrêmement changeant, ils doivent apprendre à travailler des problématiques sur des temps courts et prendre des décisions en temps réel. Grâce à leurs facultés cognitives transdisciplinaires, les chercheurs ont une vraie carte à jouer au cœur des entreprises.
- Claudine Pierron, Docteure en Sciences de l’Éducation et consultante RH à l’APEC
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