Intelligence artificielle : « Il faut créer une éthique de l’IA »

Intelligence artificielle : « Il faut créer une éthique de l’IA »

Jérome Ribeiro

Aujourd’hui, Jérôme Ribeiro, Vice-président de l’Institut EuropIA, et Président d’OPALE SAS, se livre à Okay Doc afin de mieux définir la connexion entre l’intelligence artificielle et l’humain et la nécessité de mettre en lumière un rapport plus éthique et responsable de l’IA face aux enjeux actuels.

Pouvez-vous présenter l’institut EuropIA ? 

Les objectifs de l’institut EuropIA sont triples ; démystifier l’IA ; expliquer les enjeux de l’IA ; et comprendre l’IA pour pouvoir agir. Nous œuvrons pour faire en sorte que la France et l’Europe puissent exister entre les Etats-Unis et la Chine. Dans ce contexte, notre motivation première est de promouvoir un encadrement éthique de l’IA avec une « IA de confiance ». Cela signifie que les IA doivent être plus justes.

Nous visons quatre types de publics ; le grand public, car l’IA est partout dans notre quotidien ; les étudiants, car l’IA est un enjeu en termes d’emploi ; les dirigeants d’entreprise pour lesquels investir dans ces technologies vont leur permettre de faire des bonds en avant et élever le niveau de leurs prestations ; et enfin, le secteur public pour démystifier les a priori et améliorer la pertinence des politiques publiques.

Comment définissez-vous l’intelligence artificielle ?

L’IA peut se définir comme un ensemble d’algorithmes qui permettent, via une base de données, de trouver des réponses. En fonction des données que nous avons, nous pouvons prendre la meilleure décision. Si nous n’avons pas de bases de données, Il est difficile d’avoir une bonne IA ; mais pour cela il faut une intelligence artificielle de confiance. Néanmoins, le risque est là : Que va-t-on faire de ces données ? L’IA pourrait permettre de prédire les cambriolages, mais jusqu’où cela peut-il aller ? Ce qui est important c’est de comprendre pourquoi et comment fonctionne cette intelligence, car au milieu de l’IA il y a de l’humain. Notre but à l’institut EuropIA, à la différence des GAFA, est de promouvoir une IA éthique et responsable et de sensibiliser les gens en luttant contre les fake news.

Quelle est la place de la recherche dans votre Think Tank ? 

Au sein de notre institut, nous avons des experts de renommée internationale pour donner des conférences dans le monde entier. Les experts qui interviennent participent au Think Tank sous forme d’articles pour rendre compréhensibles leurs recherches. Il n’est pas facile d’expliquer l’IA, par contre il est plus facile de dire ce qu’on peut en faire. Ils expliquent donc comment nous pouvons comprendre tout cela. Nous estimons qu’en rendant les choses compréhensibles  nous pouvons agir sur ce que l’on vient de comprendre. Finalement, si nous expliquons bien l’IA nous pouvons plus facilement l’encadrer et l’utiliser de la meilleure des façons.

Que pensez-vous du triptyque recherche – entreprises – IA ?

Comment les Etats-Unis et la Chine ont pris de l’avance ? Car les entreprises ont investi énormément dans l’IA pour des raisons mercantiles et les états en ont profité. Pour moi, il est indispensable qu’il y ait des partenariats publics-privés car dans le mot « entrepreneur » il y a des idées et donc des innovations qui sont liées.

Dans le secteur de l’intelligence artificielle, il y a une belle complémentarité entre les entreprises et les chercheurs. Un chef d’entreprise sait où il veut aller et selon son secteur il va faire appel à un chercheur pour investir dans la recherche et développement, ce qui va lui permettre de faire un bond en avant extraordinaire. Les entreprises qui font appel aux chercheurs pour trouver des solutions se démarquent singulièrement des autres. Je pense que le triptyque recherche-entreprises-IA est une combinaison gagnante.

Que pensez-vous de la recherche française ?

Les plus grands chercheurs en IA sont français. Il faut savoir que Yann Le Cun vice-président de Facebook, est le patron de l’IA chez Facebook. Nous formons de bons chercheurs en France mais nous n’arrivons pas à les garder faute de moyens. Je les comprends s’ils partent à l’étranger pour des raisons financières. 

Nous sommes en retard sur la recherche mais pas sur la qualité de nos chercheurs, c’est à dire que la recherche va être entreprise par les grandes sociétés qui ont les moyens de le faire. Cependant, en France, les entreprises n’ont pas les moyens d’exploiter la qualité des chercheurs issus de notre éducation nationale. Nos chercheurs sont très bons mais nous n’avons pas assez de moyens financiers pour faire de la recherche. En réduisant les budgets de la recherche, les gouvernements successifs ont fait fuir les chercheurs ; dès que les chercheurs sont très bons on nous les pique. Nous avons donc les meilleurs chercheurs mais il faut les retenir par des projets de grande envergure.

Mais alors, comment garder nos chercheurs ? 

La génération « gagner de l’argent à tout prix » a eu des effets catastrophiques. Après-guerre, on a eu de folles années, on a eu les moyens de voyager et de bouger et c’était n’importe quoi. Mais nous sommes en train de prendre conscience ; je crois beaucoup en la jeunesse, nous sommes là pour mettre à disposition le meilleur environnement pour que les jeunes et les chercheurs puissent s’épanouir. Aujourd’hui nous sommes davantage dans l’humain, nous cherchons à apporter notre pierre à l’édifice. Si nous arrivons à trouver de bons projets pour les jeunes générations et que nous y mettons le budget, nous pourrons garder ces chercheurs-là. Mais en revanche il faut les écouter ; les jeunes ont beaucoup d’idées et il faut les accompagner plutôt que les diriger. Nous avons d’énormes talents en France mais parfois comme le supérieur a peur que le chercheur brille plus que lui, ils sont bridés.

Que pensez-vous du transhumanisme ?

Le transhumanisme, nous y sommes déjà ! Mais je crois qu’il faut le contrôler. Il ne faut pas emprunter la voie du transhumanisme pour s’augmenter mais juste pour rendre les Hommes équivalents les uns aux autres. Faire en sorte de maintenir des conditions de vie équivalentes à celles des autres humains, voilà le transhumanisme que nous défendons. En fait, le transhumanisme pour s’augmenter me fait peur, je pense aux militaires et là ce n’est pas bon. Il faut encadrer ces pratiques de manière éthique, nous ne sommes pas là pour chercher à atteindre l’immortalité. En partant dans cette direction, nous débouchons sur des questions éthiques et philosophiques, un autre champ que les chercheurs peuvent investiguer.

L’IA est-il un outil de souveraineté ?

C’est toute la difficulté, je n’ai pas la solution, je ne suis pas un donneur de leçon. Celui qui aura l’IA sera en avance et sera « le maître du monde ». Aujourd’hui l’IA est partout ; dans votre domaine personnel, dans votre téléphone, dans votre électroménager, dans votre ordinateur. Si nous sommes dépendant des autres cela représente une vraie menace. L’IA doit être encadrée, mais ce n’est pas le cas dans tous les pays. Il faut donc une équité au niveau de nos forces armées, si les autres utilisent l’IA et pas nous, nous serons balayés. Finalement, c’est tout une éducation à avoir ; et, selon les pays, il faut protéger nos libertés. 


Par Charles Aymard, responsable du pôle Conseil & stratégie en innovation chez Okay Doc


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2 Responses

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