“Le doctorat permet de développer de nombreuses compétences scientifiques et transverses”
Promouvoir le doctorat, favoriser le décloisonnement des sphères professionnelles, accroître la visibilité des docteurs… L’Association Nationale des Docteurs (ANDès), reconnue d’utilité publique depuis 1975, accompagne les doctorants et les docteurs et met à leur disposition de nombreux outils et ressources. Cette semaine, Okay Doc s’entretient avec Stéphanie Danaux, administratrice et vice-présidente de l’association.
Vous faites partie de l’Association Nationale des Docteurs (ANDès). Pouvez-vous nous présenter cette association et son objectif principal ?
Stéphanie Danaux : L’ANDès est une association fondée en 1970 et reconnue d’utilité publique depuis 1975. Elle est ouverte à tous les titulaires du diplôme national de doctorat, quelle que soit leur spécialité de doctorat, leur âge ou leur localisation géographique. Elle s’est fixé trois grandes missions : promouvoir le doctorat, mettre les talents des docteurs au service de la société en contribuant au décloisonnement des sphères professionnelles et en positionnant les docteurs comme passeurs de frontières, et augmenter la visibilité collective des docteurs et favoriser les interactions entre docteurs. Pour mener à bien ces différents projets, l’ANDès s’appuie sur un conseil d’administration (CA) et un bureau.
Quels sont les principaux obstacles auxquels les docteurs font face lorsqu’ils cherchent un emploi après l’obtention de leur doctorat ?
Stéphanie Danaux : Il est vrai que le doctorat souffre encore d’une faible reconnaissance et valorisation sur le marché du travail et de la concurrence d’autres diplômes, tant dans le secteur public que dans le secteur privé. Dans le secteur privé notamment, il persiste un certain nombre d’idées reçues, pouvant expliquer la méfiance de certains recruteurs ou certaines entreprises : manque supposé de connaissance par les docteurs de l’entreprise et de ses pratiques, manque supposé d’appétence des docteurs pour l’entreprise…
En pratique, les nouveaux docteurs sortent d’une expérience professionnelle de recherche de plusieurs années dans des environnements exigeants et concurrentiels. Ils maîtrisent un large panel d’outils théoriques et pratiques, ont développé de multiples compétences scientifiques, techniques et transverses. Ils sont à ce titre parfaitement adaptés pour poursuivre leur carrière dans une grande variété de sphères professionnelles. Le vivier des docteurs présente de plus de nombreux avantages : diversité sociale et culturelle, féminisation, ouverture à l’international… Ce sont des passeurs de frontières, parfaitement capables de circuler entre les secteurs académique et privé.
En pratique, les nouveaux docteurs sortent d’une expérience professionnelle de recherche de plusieurs années dans des environnements exigeants et concurrentiels.
Pourquoi pensez-vous que le doctorat est souvent méconnu en dehors des milieux académiques en France ?
Stéphanie Danaux : Plusieurs explications peuvent être avancées : le poids des grandes écoles, qui reflète un contexte typiquement français, mais surtout un manque de connaissance des décideurs de l’emploi par rapport au monde universitaire dans son ensemble, qui rejaillit sur les docteurs.
Pour changer cela, l’ANDès agit en faveur de la qualité et de la reconnaissance du doctorat en participant aux débats nationaux sur le doctorat : par exemple, l’association est membre du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (CNESER), ce qui nous permet de contribuer à des projets de loi comme la loi de programmation de la recherche, la réforme de l’arrêté sur le doctorat ou encore sur les accréditations des écoles doctorales et des établissements…
Nous co-organisons aussi avec nos partenaires des événements nationaux, et nous avons également conçu des outils pour accompagner les candidats au doctorat, les doctorants et les docteurs en recherche d’emploi.
Comment l’ANDès soutient-elle les doctorants et jeunes docteurs dans leur poursuite de carrière en offrant des ressources spécifiques ?
Stéphanie Danaux : Précisément, nous proposons trois outils, conçus grâce à l’action des membres de l’association et accessibles gratuitement sur le site web de l’ANDès : le Guide du doctorat qui a pour objectif de constituer une ressource de référence présentant les conditions, procédures, pratiques et conseils pour l’organisation du système doctoral, la conduite d’un projet doctoral et la poursuite de carrière des docteurs ; le Passeport Docteur qui est un guide pratique pour l’après-doctorat composé de fiches réparties en trois catégories : fiches Carrières, Repères ou Outils ; et la fiche technique Compétences des docteurs qui illustre les compétences développées pendant le doctorat sur la base des activités du travail de recherche doctorale.
Nous allons aussi régulièrement à la rencontre des doctorants et jeunes docteurs en participant à des conseils d’écoles doctorales, des tables rondes, des séminaires, des journées de doctorants, des forums dans les établissements d’enseignement supérieur…
Nous proposons trois outils, conçus grâce à l’action des membres de l’association et accessibles gratuitement sur le site web de l’ANDès.
Selon vous, de quelle manière le doctorat contribue-t-il au développement de compétences transverses pour faciliter le développement de carrière ?
Stéphanie Danaux : Le doctorat permet en effet de développer de nombreuses compétences scientifiques et transverses. Les compétences scientifiques sont généralement bien identifiées par les doctorants, les jeunes docteurs et les recruteurs.
La question des compétences transverses est parfois plus difficile à cerner, c’est pourquoi il est indispensable pour les doctorants et jeunes docteurs d’apprendre à les identifier et à savoir en parler avec le vocabulaire approprié, notamment dans le cadre d’une recherche d’emploi.
Dans ce but, les doctorants doivent se saisir de l’offre de formation proposée à cet effet par leurs écoles et collèges doctoraux. En complément, l’ANDès, qui est très attachée à une vision unifiée des compétences transverses acquises pendant le doctorat, a mis au point une fiche technique qui constitue un outil de lecture des fiches doctorat enregistrées au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), avec des exemples concrets d’activités illustrant les compétences transverses développées pendant le doctorat.
Ces activités peuvent être regroupées en grandes catégories : gestion de projet (méthodologie, planification, budget, collaboration, organisation des données, sécurité) ; bibliographie ; communication, transmission du savoir et enseignement (présentation d’un article, participation à une conférence scientifique, publication et diffusion des résultats, médiation scientifique / enseignement) ; ressources humaines ; réseau ; valorisation de la recherche (enjeux et applications, propriété intellectuelle et industrielle).
Cette liste n’est bien sûr pas limitative : chaque doctorant ou docteur peut l’enrichir selon son parcours et son profil, car chaque expérience doctorale est unique.
Le doctorat permet de développer de nombreuses compétences scientifiques et transverses.
Pour finir, quels conseils donneriez-vous à un doctorant ou jeune docteur qui souhaite se diriger vers le privé ?
Stéphanie Danaux : Qu’il a toutes les compétences requises pour atteindre son objectif et qu’il peut rejoindre l’ANDès pour nous accompagner dans notre mission de reconnaissance et valorisation du doctorat !
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