“Les sciences ne sont pas assez représentées à la télévision” Carole Chatelain (AJSPI)
Dans une lettre ouverte adressée à Delphine Ernotte, Présidente de France Télévisions, l’Association des journalistes scientifiques de la presse d’information (AJSPI) souligne ses préoccupations quant à la diminution de l’espace dédié aux sciences sur les antennes du groupe. Carole Chatelain, Présidente de l’AJSPI, répond aux questions de Okay Doc sur des sujets tels que le rôle de la télévision dans la communication scientifique ou encore les actions de son association pour influencer les choix de programmation.
Vous avez récemment publié une lettre ouverte sur la place des sciences dans les programmes de télévision. Pouvez-vous expliquer plus en détail les préoccupations de l’AJSPI ?
Carole Chatelain : L’AJSPI est une association nationale regroupant près de 300 journalistes, postés ou non, de tous les médias (radio, TV, presse écrite, internet…) et représentant toutes les fonctions (rédacteurs ou rédactrices, photographes, maquettistes, etc.). Leur point commun : travailler au service de la science, sur des sujets scientifiques, en respectant une éthique et une méthode scientifique. Nous sommes la plus importante association de journalistes scientifiques de France. Nous sommes donc très attentifs aux bonnes pratiques et proposons à nos adhérents des voyages, déplacements, visites et rencontres diverses, dans toute la France, pour que chacun ait accès à une information de qualité. Nous proposons également des formations sur certaines thématiques essentielles comme les statistiques par exemple.
La vulgarisation scientifique est un enjeu majeur pour le grand public. Comment l’Association encourage-t-elle les journalistes à communiquer de manière accessible tout en maintenant un niveau de rigueur scientifique ?
Carole Chatelain : C’est tout l’enjeu que porte l’AJSPI. S’assurer d’une information scientifique de qualité diffusée à l’intention du grand public – ou non, car nous avons également des adhérents qui collaborent à des titres plus spécialisés. Mais les exigences restent les mêmes. Vulgariser ne veut pas dire discréditer : l’information doit être exacte, vérifiée à plusieurs sources, mesurée à l’aune de la méthode scientifique puis rédigée ou filmée de manière à ce que le grand public – c’est-à-dire les personnes n’ayant pas de formation scientifique, puisse la comprendre.
Nous sommes une association de journalistes spécialisés travaillant pour la presse d’information : nous ne sommes donc pas des communicants mais des enquêteurs. Chaque actualité doit être sourcée et son exactitude contrôlée selon des méthodes précises que notre association encourage.
Comment percevez-vous l’impact de l’arrêt du « Mag de la santé » sur France 5, notamment en termes de lutte contre les fake news dans le domaine médical ?
Carole Chatelain : C’est délétère en termes d’informations scientifiques. Toutes les études montrent que les fake news prolifèrent et que seules des émissions, des articles ou des reportages réalisés par des journalistes spécialisés évitent ce terrible piège de l’information falsifiée ou tronquée.
Le Mag de la Santé sur France 5 était réalisé par des journalistes de qualité abordant de façon sérieuse et fiable des sujets qui ont trait à la santé des personnes, en hiérarchisant qui plus est les informations. Qu’est-ce qui peut justifier son arrêt ? Et pour quelles raisons le faire ? À tout le moins, l’AJSPI aurait compris un changement de format, éventuellement d’horaires – à condition de ne pas diffuser à des heures indues – ou d’angles, mais pas une suppression sans remplacement.
Ce vide est la porte ouverte aux fake news qui vont pouvoir proférer sur les réseaux sans que personne ne vienne les dénoncer. C’est d’autant plus inadmissible qu’il est du devoir du service public de lutter contre la désinformation. L’AJSPI est d’autant plus inquiète que le Mag de la Santé n’est pas la seule émission à faire les frais de la nouvelle grille de France Télévisions : « Les pouvoirs du corps humain » de France 2 ont disparu et « C Jamy » (France 5) également. La case réservée aux documentaires scientifiques n’est plus que portion congrue. C’est extrêmement inquiétant à nos yeux.
YouTube et d’autres plateformes en ligne semblent gagner en popularité pour la diffusion de contenu scientifique. Comment la télévision publique peut-elle rester pertinente face à cette concurrence et répondre aux attentes du public en matière de sciences ?
Carole Chatelain : Justement ! France Télévisions a tout intérêt à respecter ses engagements de service public en enrichissant sa case sciences et en couvrant tous les domaines concernés ! Rien ne garantit la qualité des documents que vous pouvez trouver sur les plateformes en ligne, surtout à l’heure des manipulations et de l’Intelligence artificielle. Rien ne remplace une équipe de journalistes spécialisés, formés aux méthodes scientifiques. Pour nous, il s’agit d’éthique.
Enfin, comment l’AJSPI envisage-t-elle d’influencer les décisions de programmation pour préserver des émissions scientifiques de qualité ?
Carole Chatelain : En publiant une lettre ouverte, comme celle que nous venons d’adresser à Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, dans laquelle nous lui faisons part de nos inquiétudes et souhaitons dialoguer avec elle pour lui rappeler les enjeux d’une presse scientifique de qualité. C’est essentiel pour la qualité et la véracité des informations diffusées.
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