Être docteur et entrepreneur
Aujourd’hui nous retrouvons Benjamin Pastorelli. Docteur en psychologie du travail, il témoigne avec nous de son choix de devenir consultant diversité et inclusion après sa thèse.
Sommaire
La thèse
Quel a été votre parcours académique ?
J’ai fait des études de psychologie, licence master et doctorat, puis j’ai réalisé ma thèse sur la diversité et la créativité des équipes de travail. Dès le début de ma thèse, j’avais pour objectif de ne pas rester dans le monde académique. J’ai fait une thèse parce que ça me faisait plaisir mais l’objectif c’était d’être docteur consultant à termes. J’ai attendu la fin de ma thèse pour commencer le projet concrètement. L’idée c’était d’atteindre un haut niveau d’expertise à travers le doctorat, que je pourrais valoriser aussi dans le conseil en entreprise.
Quels ont été vos travaux de thèse ?
J’ai eu de la chance car j’étais en sciences humaines et en général il n’y a pas beaucoup de financements mais j’ai eu une bourse d’études, donc c’était plutôt confortable. J’ai pu travailler sur un sujet que j’avais moi-même créé, qui porte sur la diversité et la créativité. J’ai essayé de voir comment la diversité d’une équipe de travail pouvait impacter sa créativité. Je faisais par exemple venir des gens au laboratoire et les faisais interagir par ordinateur avec une autre personne installée dans une autre pièce. Je faisais varier l’identité de la seconde personne et je regardais les impacts sur la créativité. Ça permettait d’avoir des études assez minimalistes, d’essayer de bien comprendre les mécanismes qui sont liés à la diversité et à son impact sur la créativité des équipes.
Que retirez-vous de ce parcours ?
Ca a été super intéressant et extrêmement formateur pour moi. La thèse en elle-même mais aussi toutes les formations doctorales dispensées à côté, qui sont assez variées, assez liées au management et peut-être moins à la recherche elle-même. C’est un parcours qui est riche et complet et je suis vraiment content d’avoir fait une thèse.
Être blogueur scientifique
Pendant mon master et ma thèse, j’étais blogueur. J’ai un blog qui s’appelle Laboragora, c’est un blog de vulgarisation qui cherche à faire le lien entre la recherche scientifique et le management.
Comment avez-vous lancé ce projet ?
Avec des camarades de classe, on s’est rendus compte que dans le monde du management il y avait plein de modèles utilisés qui étaient souvent soit assez vieux, soit assez peu scientifiques. C’était frustrant de voir qu’en psychologie du travail on avait énormément de modèles beaucoup plus rigoureux, modernes, mais qui peinaient à percer dans le monde professionnel et à être connus alors qu’ils auraient mérité de l’être. C’est de là qu’est venue l’idée du blog, on voulait transférer la richesse de la recherche scientifique et la faire connaître aux managers et aux chefs d’entreprises.
Que retirez-vous de cette expérience ?
Aujourd’hui pour se faire connaître les réseaux sociaux sont vraiment importants. Le blog c’est de la production de contenu donc ça permet de se faire connaître comme ça. Au niveau transmission d’information, le fait de vulgariser permet d’exprimer des choses qui sont complexes de manière plus simple, et d’avoir plus d’impact parce que les gens comprennent ce qu’on dit, et ça casse un peu l’image de l’universitaire qui s’exprime de manière incompréhensible. On montre qu’on est proche des gens, qu’on est capables de se faire comprendre et de transmettre la connaissance scientifique de manière simple et intelligible.
Le doctorat et le monde de l’entreprise
Quelles compétences avez-vous développé en doctorat ?
Il y a la compétence en gestion de projet car finalement la thèse, comme l’entrepreneuriat, c’est un gros projet et quoiqu’il arrive il y a beaucoup d’aspects au niveau de l’organisation, de la planification qu’on peut réutiliser assez directement. Je trouve que c’est la principale compétence. Ce que j’essaie de mettre le plus en avant c’est aussi l’approche scientifique, tout ce que je propose est basé sur des études et des modèles scientifiques avec une certaine rigueur. Finalement le conseil en entreprise se rapproche d’une étude scientifique car on essaie de comprendre un problème puis de trouver des solutions. La logique est la même, c’est comprendre pour agir.
L’entreprise est-elle un environnement plus dynamique que l’université ?
En doctorat, les projets sont peut-être plus longs mais on fait plusieurs projets en même temps, en général je commençais une étude avant d’avoir fini la précédente. Les projets sont longs mais on en organise plusieurs en parallèle donc il y a un certain dynamisme qui n’est pas si différent de ce qu’on peut avoir dans le monde du conseil en entreprise.
L’entrepreneuriat
Quelles sont les difficultés à surmonter quand on devient entrepreneur ?
L’entrepreneuriat c’est plein de petites difficultés que je n’avais pas forcément prévues. C’est un peu difficile de se faire connaître et on est souvent face à des personnes qui n’ont pas d’expertise de haut niveau, pas le niveau du doctorat, mais qui pourtant nous font concurrence.
Pour essayer de surmonter ces difficultés j’ai créé il y a quelques mois avec une consœur qui est en doctorat de psychologie, un groupe pour réunir tous les doctorants et docteurs en psychologie qui ont cet objectif de faire du conseil en entreprise pour essayer de s’entraider. C’est assez motivant et ça aide à avoir quelques clés d’action. Il y a de la communication, de la solidarité, de l’entraide, on voit qu’on est pas seul avec les mêmes problèmes et c’est rassurant.
Quelles interventions en entreprise proposez-vous ?
Dans mon activité de consultant pour l’instant j’essaie de rester autant que possible sur la diversité, c’est vraiment un sujet qui me tient à cœur. En entreprise ça se traduit par exemple par des conférences de sensibilisation sur la discrimination, ou des formations pour développer un leadership inclusif. C’est possible aussi de faire des diagnostics en entreprise, c’est-à-dire d’utiliser des outils scientifiques pour évaluer à quel point l’entreprise est favorable à l’inclusion, fournir des solutions pour qu’elle soit plus inclusive et faire en sorte que la diversité soit un levier de performance et de créativité. Donc les formats sont assez variés mais toujours centrés sur le thème de la diversité et de l’inclusion. C’est pour tout type d’entreprise, d’institution ou d’organisation.
Pourquoi avez-vous choisi de devenir entrepreneur ?
Si j’ai fait ce choix d’être entrepreneur c’est pour 2 raisons. Déjà je pense que ça apporte plus de flexibilité. Et ensuite il y a plus d’indépendance par rapport à la déontologie et à la manière dont je veux faire les choses en fonction de mes propres valeurs. C’est difficile pour des docteurs parfois de se faire embaucher par certains cabinets de conseil, qui recrutent souvent des personnes issues d’école de commerce ou d’ingénieur. Le doctorat, surtout en France, a encore une image assez universitaire, donc le fait d’être auto-entrepreneur permet de montrer que je suis docteur, mais je ne suis pas un universitaire loin du monde du travail, je peux faire des choses concrètes.
Les conseils pour devenir docteur entrepreneur
Quels conseils donneriez-vous à un doctorant ou jeune docteur qui souhaite se lancer ?
Je conseillerais de se former tout au long de sa thèse. Avec les formations doctorales mais aussi par soi-même, on trouve pas mal de MOOCs sur internet. Et puis essayer d’être actif sur les réseaux sociaux pour voir ce qui se dit car c’est important de se confronter au grand public. Chercher des confrères et des consœurs avec lesquels on peut échanger facilement et s’entraider c’est aussi un élément important.
A propos de Benjamin Pastorelli
Benjamin Pastorelli est docteur en psychologie du travail et consultant diversité et inclusion. Après une thèse sur la diversité et la créativité au travail, il a choisit la voie du conseil en entreprise. Aujourd’hui, il met son approche scientifique au service des équipes de travail pour les accompagner dans la libération du potentiel de leur diversité. Pour bâtir des ponts entre la recherche scientifique et le monde organisationnel, il a également fondé le blog LaborAgora.com. Retrouvez-le sur son site internet: http://benjaminpastorelli.com/.
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