Le virus de l’herpès simplex 1 : Bouton de fièvre un jour, bouton de fièvre toujours

Le virus de l’herpès simplex 1 : Bouton de fièvre un jour, bouton de fièvre toujours

herpes virus

Okay Doc donne chaque semaine la parole à des chercheurs et des entrepreneurs qui font le lien entre le monde de la recherche et celui des entreprises. Aujourd’hui, nous retrouvons Simon Roubille, Doctorant en virologie et épigénétique, qui nous éclaire pour dissiper les idées reçues sur les virus, et notamment l’herpès.

Le corps humain est colonisé par de nombreux micro-organismes commensaux formant ainsi le microbiote humain. Le microbiote humain est désormais reconnu comme un acteur essentiel de la santé et de la physiologie de son hôte. Les efforts de description du microbiote humain ont surtout porté sur sa composante bactérienne, mais il apparaît de plus en plus évident que de nombreux virus appartiennent également à ce microbiote humain. La composante virale du microbiome humain introduit donc une notion plus récemment admise, celle du virome humain qui correspond à l’ensemble des virus détectés chez l’homme. Parmi ces virus, on retrouve la famille des Herpesvirus et notamment le virus de l’herpès simplex 1 (HSV-1).

Je ne vous connais pas pourtant je sais une chose sur vous. Vous êtes porteur d’un virus. Enfin quand je dis vous, je devrais plutôt dire 70% d’entre vous. Quel est donc ce virus à la fois si commun et pourtant si discret pour que certains d’entre vous ne l’aient même pas remarqué ? Il s’agit du virus de l’herpès. Mais pas n’importe lequel, le virus de l’herpès simplex 1.

Sa particularité me demandez-vous ? Transmis par la salive lors d’un baiser ou plus discrètement lors d’un échange de verre d’eau par exemple, le virus va sommeiller dans les neurones de votre corps. C’est ce qu’on appelle la latence. Le problème c’est que de temps en temps le virus se réveille. On parle alors de réactivation. Le virus passe d’un neurone vers une cellule de la peau et on se retrouve avec ce qu’on appelle un bouton de fièvre. Mais ce n’est pas tout ! Ces neurones dans lesquels le virus dort font le lien entre le visage et le cerveau. Tandis que le bouton de fièvre est la manifestation visible de la réactivation du virus, ce dernier peut également coloniser le cerveau. Et là, quand le virus devient actif, les dégâts peuvent être nombreux : perte de mémoire, mort des neurones et dans certains cas, mort du patient.

Comprendre le mécanisme qui permet au virus d’alterner entre son état dormant et son état actif permettrait à terme de le maintenir en sommeil et donc d’éviter ces dommages. Ça tombe bien, c’est l’objectif de ma thèse.

La nature est bien faite. Lors d’une infection, la cellule se protège grâce à différents mécanismes de défenses. Dans le cas du virus herpes, une petite molécule nommée PML prend en charge le virus dès son entrée pour le maintenir en dormance. PML possède la capacité de s’auto-assembler pour former des structures : ces structures sont tellement importantes qu’on les appelle les domaines nucléaires PML. La nature est bien faite, elle reste néanmoins complexe. On sait que ces domaines nucléaires PML ne travaillent jamais seuls et font appel à une myriade d’autres petites molécules. La conséquence de cela est le passage de domaines nucléaires constitués uniquement de PML à des domaines nucléaires beaucoup plus complexes possédant plusieurs centaines de composants.

bilan herpes virus

La finalité de ma thèse consiste donc à déterminer les différents composants de ces domaines nucléaires PML puis à identifier ceux qui sont nécessaires au maintien du virus en dormance. Pour cela 3 étapes : 1ère étape : l’observation ! Heureusement, des chercheurs ont débroussaillé le terrain me donnant accès à une liste de molécules possiblement présentes dans ses domaines. Il me reste à valider ou non leur présence. 2ème étape : l’action ! Je cible alors la molécule et je la neutralise. Vient alors la 3ème étape : la réaction ! Je regarde l’effet de la destruction de la molécule sur la vivacité du virus : continue-t-il de dormir ou au contraire se réveille-t-il ? Si le virus se réveille alors là, jackpot ! Cela signifie que la molécule détruite est nécessaire à la dormance du virus. À chaque molécule découverte, c’est un pas vers un monde plus sûr.

Tous les superhéros ne portent pas de capes, certains portent des blouses !

simon roubille 1

Par Simon Roubille,

Doctorant en Virologie et Épigénétique de l’Université Claude Bernard à Lyon


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