đ « Lâincroyable destin de Jane Goodall », Emmanuelle FIGUERAS nous parle de son roman de vulgarisation illustrĂ©

Ce 1er octobre 2025, Ă Los Angeles, Jane Goodall dĂ©cĂšde. Aujourdâhui encore, le monde entier regrette la cĂ©lĂšbre Ă©thologue dĂ©fenseuse de lâenvironnement et de ses espĂšces. Elle aura rĂ©volutionnĂ© la façon de penser les autres espĂšces animales Ă des milliards de personnes, et ce en prouvant lâintelligence Ă©motionnelle et intellectuelle des primates alors quâelle nâavait que 26 ans et aucun diplĂŽme.
Pour lui rendre hommage une toute derniĂšre fois, lâĂ©dition Bayard Jeunesse publiera en dĂ©cembre sa réédition de son roman de 2023, « Lâincroyable destin de Jane Goodall, une vie Ă Ă©tudier les chimpanzĂ©s », Ă©crit par Emmanuelle FIGUERAS. Journaliste et Ă©crivaine, elle nous parle de son travail et de lâimportance de relayer le message dâespoir de Jane Goodall.

Quel est votre parcours professionnel et pourquoi avoir décidé de vous lancer là -dedans ?
AprĂšs le lycĂ©e, je me suis inscrite en facultĂ© de droit pour avoir une licence et passer le concours dâentrĂ©e Ă lâĂ©cole de journalisme. En parallĂšle, jâai travaillĂ© pour des journaux dâentreprise pour financer mes Ă©tudes, et jâai effectuĂ© plusieurs stages de journalisme. Câest aussi pendant cette pĂ©riode que jâai dĂ©couvert la primatologie. En 1993, je suis partie deux mois au Rwanda sur les traces de Dian Fossey. Quand je suis revenue, jâai contactĂ© plusieurs rĂ©dactions pour leur proposer des articles animaliers, et jâai commencĂ© Ă travailler pour diffĂ©rents magazines du groupe Prisma Media jusquâĂ rĂ©cemment oĂč je suis devenue chef de rubrique dâun magazine animalier, puis rĂ©dactrice en chef. Aujourdâhui, je porte une double casquette de journaliste et d’autrice de livres pour enfants. AprĂšs mon premier livre, « LĂ©o cuistot Ă©colo » commandĂ© par les Ă©ditions Terre Vivante, jâai Ă©crit plus de 70 documentaires jeunesse, principalement sur la nature, lâĂ©cologie ou lâĂ©thologie. Jâaime avant tout faire un travail de vulgarisation scientifique Ă lâattention des enfants ou des adultes.
Pourquoi avoir écrit une biographie sur la vie de Jane Goodall en particulier ?
Câest la directrice Ă©ditoriale des Ă©ditions Bayard, qui me lâa proposĂ©… A lâĂ©poque, je nâavais encore jamais Ă©crit de romans jeunesse. Jâai failli refuser, mais quand jâai su quâil sâagissait de raconter la vie de Jane Goodall aux enfants, jâai tout de suite dit oui ! Jâavais dĂ©couvert lâexistence des « trimates » (Jane Goodall, qui Ă©tudiait les chimpanzĂ©s, Dian Fossey, qui Ă©tudiait les gorilles et BirutĂ© Galdikas, les orangs-outans) quand jâĂ©tais Ă©tudiante, et je connaissais bien leur travail. Jane Goodall est une pionniĂšre dans son domaine. Elle est la premiĂšre personne Ă avoir observĂ© les chimpanzĂ©s aussi longtemps dans leur milieu naturel. Câest dans la forĂȘt de Gombe, en Tanzanie, quâelle a dĂ©couvert que ces singes fabriquent et utilisent des outils, quâils sont chacun des individus Ă part entiĂšre avec leur propre personnalitĂ©, quâils Ă©prouvent des Ă©motions et des sentiments, quâils se font la guerre⊠Dans les annĂ©es 1960, ses dĂ©couvertes ont fait lâeffet dâune bombe au sein de la communautĂ© scientifique. Elles ont remis en question la dĂ©finition mĂȘme de lâĂȘtre humain, jusque-lĂ considĂ©rĂ© comme le seul ĂȘtre vivant capable de fabriquer et utiliser des outils.
Comment avez-vous travailler pour écrire ce roman ?
Jâai dâabord fait beaucoup de recherches pour me documenter sur la vie et le travail de Jane Goodall, puis jâai cherchĂ© lâĂ©quilibre entre fiction et rĂ©alitĂ© pour imaginer des dialogues. Pour ĂȘtre sĂ»re de ne pas me tromper, jâai rapidement contactĂ© lâInstitut Jane Goodall en France, Ă qui jâai envoyĂ© tous les chapitres de mon livre. Je voulais absolument que Jane Goodall puisse tout relire. Lâinstitut mâa tout de suite apportĂ© son soutien, en validant mes textes et en mâapportant des informations complĂ©mentaires dont jâavais besoin pour Ă©crire les pages documentaires (sur la vie des chimpanzĂ©s, les grands singes, nos liens de parentĂ©s avec euxâŠ) qui viennent Ă©clairer le contexte du rĂ©cit dans mon livre.
Pourriez-vous nous parler de lâInstitut Jane Goodall ?
Câest une organisation de conservation environnementale que Jane Goodall a créé en 1977 Ă lâinternational, et en 2004 en France. Son objectif est dâencourager la recherche scientifique, dâamĂ©liorer la vie des personnes et de protĂ©ger les chimpanzĂ©s et la faune sauvage en gĂ©nĂ©ral, contre la dĂ©forestation ou le braconnage qui les menacent encore aujourdâhui. Jane Goodall avait lâhabitude de dire quâil y avait entre 1 et 2 millions de chimpanzĂ©s vivant dans la nature dans les annĂ©es 1960, contre moins de 300 000 aujourdâhui⊠Ce sont nos plus proches cousins, et ils figurent en tant « quâespĂšce en danger » sur la liste rouge de lâUICN.
Travaillez-vous sur un autre projet de cette ampleur actuellement ?
Oui, je travaille actuellement sur deux autres projets de livres, Ă paraĂźtre en 2026 et 2027. Le premier est une biographie de Rosalind Franklin, une chimiste qui a dĂ©couvert la structure de lâADN, et qui sera publiĂ© dans la collection Roman doc science des Ă©ditions Bayard. Le deuxiĂšme est un livre documentaire sur la maniĂšre dont on sâadapte au changement climatique un peu partout dans le monde. Il sera publiĂ© aux Ă©ditions la Cabane Bleue, pour qui jâavais Ă©crit un premier livre dâĂ©cologie, « Pourquoi les orangs-outans nâaiment pas le dentifrice », paru en 2021.
Vous comparez-vous un peu à Jane Goodall dans son parcours ou sa personnalité ?
Absolument pas, quelle idĂ©e ! Je nâai ni son talent, ni son parcours, ni sa notoriĂ©tĂ©… Je n’aurais pas la prĂ©tention de me comparer Ă une si grande dame ! Je fais seulement partie des millions de personnes dans le monde, qui partagent ses convictions. Câest ce mĂȘme respect du vivant, dont nous faisons partie nous aussi, que jâessaie de transmettre aux enfants Ă travers mes livres et mes rencontres scolaires.
Finalement, le message transmit par Jane Goodall serait un message d’espoir nous poussant Ă tous agir, Ă notre Ă©chelle, pour la biodiversitĂ©. « Ce que vous faites fait une diffĂ©rence, et vous devez dĂ©cider quel type de diffĂ©rence vous voulez faire », aimait-elle dire.
Ce roman sur la vie de Jane Goodall sert dâexemple Ă la gĂ©nĂ©ration future, et ravive lâintĂ©rĂȘt pour les travaux de toute la vie dâune femme, qui sâest Ă©vertuĂ©e Ă nous transmettre des messages dâespoirs jusquâĂ sa mort.







