Vulgarisation : « L’innovation, c’est notre moteur. La recherche, c’est notre essence ! »
Okay Doc donne chaque semaine la parole à des chercheurs et des entrepreneurs qui font le lien entre le monde de la recherche et celui des entreprises. Aujourd’hui, nous retrouvons Bastien Lemaire, cofondateur et président de In&Vertebrates, une plateforme collaborative avec pour objectif de rendre la Science ouverte, transparente et reproductible.
Sommaire
Tout d’abord, pourriez-vous vous présenter et nous décrire votre parcours?
Je m’appelle Bastien et je suis jeune chercheur-entrepreneur. J’ai commencé ma formation à l’Institut de Biologie Fondamentale et Appliqué (IBFA) de l’université de Caen avant de partir au Center For Mind and Brain Science (CIMeC) de l’université de Trento en Italie où je termine ma thèse. Mes travaux de recherche consistent à mieux comprendre le fonctionnement de notre cerveau en menant des études comportementales chez d’autres espèces animales. À côté de ma thèse, j’ai aussi co-créé In&Vertebrates, une plateforme d’édition scientifique permettant de valoriser et de partager les expériences scientifiques menées dans les laboratoires de recherche.
Quelle importance accorde In&Vertebrates à l’innovation et à la recherche?
La recherche est essentielle, sans elle il n’y a pas d’innovation. C’est pour cela qu’avec In&Vertebrates nous essayons de limiter la perte de connaissances et de données. Chaque année, de nombreuses expériences produites dans les laboratoires de recherche sont oubliées car elles ne sont pas diffusées. Nous proposons donc aux chercheurs de valoriser et mettre en lumière toutes leurs expériences scientifiques laissées aux fonds de leurs tiroirs. C’est en partageant toutes nos connaissances et donc toutes les recherches scientifiques que nous pourrons résoudre les problèmes d’aujourd’hui et de demain. L’innovation, c’est notre moteur; la recherche, elle, est notre essence.
Qu’est-ce qu’un chercheur apporte à une équipe innovation qu’un ingénieur n’apporte pas forcément (et réciproquement)?
C’est très compliqué de répondre à cette question. Au-delà des compétences, c’est la diversité et la personnalité qui me semble être intéressante. Je pense que la meilleure équipe possible se compose d’individualités venant de domaines et d’expériences diverses et ayant des compétences complémentaires. Le chercheur, c’est un profil rare qui à une expérience unique, c’est un grand atout pour chaque équipe peu importe le domaine.
Les entreprises internationales sont-elles en avance par rapport aux organisations françaises ? Si oui, quelles seraient les raisons d’un tel retard?
Dans le domaine de la recherche, c’est ma sensation oui. Ce retard s’explique sans doute par le manque de moyens humains et financiers alloués à la recherche et aux entreprises en lien avec cette dernière.
Auriez-vous un exemple concret de coopération réussie entre le monde de la recherche et In&Vertebrates?
Nous avons récemment créé un format de communication qui s’appelle le Researcher ID. C’est un format vidéo de vulgarisation scientifique dans lequel nous rencontrons des chercheurs pour qu’ils nous livrent leurs visions tout en partageant leurs savoirs. C’est un beau succès. De nombreux chercheurs se sont prêtés au jeu et nous avons de très bons retours, c’est formidable. La première saison est d’ores et déjà disponible sur notre site internet et notre chaine YouTube. Nous préparons notre deuxième saison en ce moment même.
Quels sont selon vous les domaines où la recherche aura le plus d’impact d’ici 10 ans?
Je suis aussi très curieux de voir comment l’ingénierie du génome évolue et jusqu’où les scientifiques arriveront à aller. Une immunité complète pour tout le monde, cela sera-t-il possible un jour?
D’une façon générale, toutes les recherches sont importantes et peuvent avoir des impacts colossaux. Nous oublions souvent l’importance de la recherche fondamentale comme ses applications sont relativement indirectes. Les ciseaux moléculaires Crispr qui bouleversent la génétique depuis des années est un bon exemple. Cette découverte est issue de recherche en microbiologie fondamentale et maladies infectieuses et pour laquelle Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna ont récemment été récompensées d’un prix Nobel.
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