Valoriser la recherche : une clé de compréhension des enjeux sociétaux
Docteur en Sciences de gestion, Laura Flores se livre à Okay Doc afin de nous en dire un peu plus sur son parcours, ses domaines de prédilection et la nécessité de faire le lien entre l’entreprise et la recherche.
Sommaire
Commençons par évoquer votre parcours, racontez-nous ce qui vous a amené à vous spécialiser dans ce domaine ?
J’ai commencé mon activité professionnelle par le métier de journaliste bénévole dans une radio associative en 2003 au lycée puis, pendant mes études de Sociologie et de Science Politique jusqu’en 2010. Une fois mon master de Science Politique validé à l’Université de Montpellier, j’ai commencé à avoir des doutes sur le métier. En exerçant dans plusieurs rédactions, je me suis rendue compte que j’étais davantage intéressée par les organisations et les rapports humains au travail que par la production de sujets.
Puis, j’ai connu les répercussions de la crise économique de 2008. Comment s’insérer professionnellement à 23 ans avec un master de journalisme dans un marché local tendu ?
J’ai trouvé une annonce à l’université pour travailler dans un Observatoire de la Vie Etudiante (OVE) sur l’insertion professionnelle des jeunes diplômés. Plusieurs missions m’ont été confiées dans les OVE des universités montpelliéraines en qualité de chargée d’études. Par la suite, j’ai souhaité travailler en ressources humaines. En 2012, je suis devenue chargée de GPEC en parallèle mon master en Management des Universités et TIC de l’IAE de Montpellier. Le métier m’ayant plu, je souhaitais poursuivre avec une thèse CIFRE pour devenir consultante RH indépendante.
J’ai ensuite intégré la société Crealead en qualité de chargée de R&D en gestion des ressources humaines tout en faisant ma thèse en Sciences de Gestion. Je travaillais sur la pratique de réseautage et de coworking par les entrepreneurs de la coopérative.
Après ma soutenance, la crise sanitaire de la Covid m’a fait repenser mon rapport au travail et mes projets de recherche. Je souhaitais télétravailler dans une jeune organisation créative et innovante tout en menant une recherche sur un tiers-lieu pédagogique dans le prolongement de ma thèse. J’ai intégré PEPITE-LR (Pôles Étudiants Pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreneuriat) pour lequel je montais des formations de formateurs pour les enseignants-chercheurs et les personnels des SCUIO-IP sur l’Esprit d’Entreprendre en faveur de l’entrepreneuriat.
Alors que le monde est en mutation rapide, quelles sont les raisons d’un tel besoin des entreprises en experts ?
Nous connaissons une quatrième révolution industrielle qui réunit plusieurs mondes d’après l’économiste, Klaus Schwab : « le monde du physique, du numérique, du biologique et de l’innovation ». Parallèlement, nous connaissons des crises successives sociales, sociétales et politiques. Je vois une importance capitale de la recherche notamment en sciences humaines et sociales pour avoir une meilleure compréhension des relations humaines, des réseaux, des groupes sociaux et trouver de nouvelles formes de communication. Les entreprises doivent donc adapter leur organisation et leur gouvernance pour innover et, fidéliser leurs salariés, leurs partenaires et leurs clients.
Il existe bien un lien entre le numérique et la gouvernance horizontale à laquelle les entreprises mais aussi organismes publics doivent prendre part. L’enjeu est d’améliorer les interdépendances et renforcer la coopétition en délaissant la « compétition ». La recherche permet une meilleure compréhension de ce monde complexe et de la gestion des incertitudes.
Nous retrouvons ici la pensée complexe développée par Edgar Morin : « . En latin, « complexus » signifie ce qui est tissé ensemble. Ce que j’appelle la « pensée complexe » est une tentative pour aider les gens à comprendre ce qu’ils appellent complexe. Elle a pour but de relier ce qui, dans notre perception habituelle, ne l’est pas ».
Pourquoi est-ce important de valoriser la recherche en France dans le domaine des Sciences de gestion ?
Les sciences de gestion regroupent plusieurs sous-disciplines (Management, Marketing, SI,..) tout en établissant des connexions avec d’autres (Psychologie, Philosophie des sciences, Histoire, Sociologie …).
Comme je l’expliquais dans ma thèse, j’ai une lecture médicale des organisations. Les vaisseaux, les artères et les veines représentent les réseaux. Les maladies, syndromes, virus (…) représentent les points de blocage. En tant que chercheur en Sciences de Gestion, nous sommes des « médecins » des organisations. Nous sommes là pour harmoniser les structures et les relations inter-organisationnelles (secteur public et secteur privé) . J’accorde une grande importance à l’alliance entre la pure gestion (comptabilité, gestion projet,…), la psychanalyse des organisations (compréhension des représentations, langages, tabous et fantasmes) et l’éthique (le rapport à la loi). Ces trois aspects doivent être à l’équilibre pour éviter de tomber dans des dérives organisationnelles telles que la faute de gestion, l’illégalité, le mal-être au travail ou encore la fausse promesse.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune chercheur qui souhaite valoriser son expertise ?
Je conseille toujours de réseauter pour connaître le monde socio-économique qui l’entoure et créer un ensemble de contacts qui lui permettront de trouver des missions ou son futur emploi. Réseauter veut également dire enrichir sa propre recherche, diversifier les réseaux en les faisant interpénétrer selon son sujet de recherche. Par exemple, une étudiant en communication pourra très bien fréquenter les réseaux généralistes (physiques et numériques) pour se faire connaître et sonder les besoins des structures. Puis, il combinera cette expérience réseau en allant vers des réseaux spécialisés en communication. Son propre laboratoire, son université, s’il est en Cifre, sa propre entreprise, sont aussi des réseaux à part entière et sans oublier, son entourage familial et amical.
L’intérêt est triple : se faire connaître, appréhender son environnement et les incertitudes liées à son avenir et enrichir sa propre recherche avec de nouvelles sources et retours extérieurs.
D’un point de vue pragmatique, je lui conseille de communiquer dans des colloques, d’essayer d’écrire un article scientifique et surtout de communiquer sur les réseaux sociaux et les médias (généralistes et spécialisés en sciences humaines et sociales). Il est nécessaire aussi qu’il s’inscrive dans des plateformes de recrutement tels que Okay Doc, l’APEC, un syndicat professionnel en tant qu’intervenant s’il est en doctorat. Cela lui permettra aussi de se lancer en tant qu’entrepreneur.
Par Laura Flores, Docteure en Sciences de Gestion.
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