La Philosophie du Cavalier de Martin Bolle, stratège du management

La Philosophie du Cavalier de Martin Bolle, stratège du management

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Aujourd’hui, c’est Martin Bolle, Docteur et Philosophe Stratège du management qui livre ses impressions à Yann Maël Larher, Docteur en droit et co-fondateur de Okay Doc afin de nous éclairer sur les aspects de la philosophie stratégique à conduire en entreprise. Un concept innovant qui lui permet de mobiliser ses compétences de chercheur dont l’idée est de proposer une approche différente du consulting en entreprise. 

Comment devient-on stratège du management ? Qu’est-ce qui t’a conduit à faire une thèse ? 

La réponse à ses deux questions est la même : l’intuition. C’est l’intuition qui m’a dit de faire de la philosophie, puis le doctorat, et maintenant de la stratégie. Pour développer un peu, je dirais que j’ai toujours eu, même enfant, une fascination pour la guerre, surtout en raison de sa grandiloquence. Et j’ai pris l’occasion de la thèse pour croiser philosophie et théorie militaire. Pour ma part, la philosophie, plus que toute autre discipline, est responsable de ses propres limites. Dès lors, un tel croisement est tout à fait envisageable, de même qu’une consultation philosophique en matière de stratégie, ou de géostratégie pour donner un angle plus global à cette stratégie. Il ne reste « plus » qu’à mobiliser le réseau social pour passer du doctorat au business.

Tu as soutenu en juillet 2020 ta thèse sur « l’asymétrie structurelle de l’écosystème de guerre ». Ça veut dire quoi avec des mots plus simples ? Comment tes travaux ont été appréhendés par les milieux militaires ? 

Pour la thèse elle-même, il s’agissait de penser les guerres actuelles dites « asymétriques », en raison du rapport de force disproportionné, à la David contre Goliath, tels les US au Moyen-Orient. Or un tel rapport pose question : pourquoi les US prennent tant de temps face à un ennemi si « faible » ? Il m’est apparu que le problème n’était pas anodin, même fondamental ou structurel. Il impliquait que nos guerres étaient encore la colonisation continuée par d’autres moyens. J’ai eu d’excellentes discussions avec des militaires autour de ce sujet et par rapport à la stratégie qui est à l’origine la conduite des armées. Cependant, je n’ai pas eu l’occasion de créer de réelles collaborations. Les milieux académiques civil et militaire restent séparés… et la fin de ma thèse a coïncidé avec la crise sanitaire. La fin de celle-ci sera peut-être l’occasion de revenir vers les militaires. Ils pourraient être intéressés par une Philosophie du Cavalier

Quel est le rôle de la philosophie dans les entreprises ? C’est quoi la Philosophie du Cavalier ?

La philosophie en entreprise, surtout en France, a trois formes, très académiques du reste : la conférence sur des sujets divers, des séminaires où ces thèmes sont discutés, et, bien que cela semble plus rare, l’analyse de contenu. Cette dernière semble être la base du marketing et de la stratégie d’entreprise, née dans les années 1960 telle la conduite générale et à long terme des organisations. La Philosophie du Cavalier, que je propose, est une philosophie géostratégique du management. Elle a ainsi un objectif pratique et un autre théorique. Du point de vue pratique, il s’agirait pour elle de se faire « stratégie ». Pour la théorie, il m’apparaît surtout que cette philosophie en entreprise manque d’une assise théorique (comble pour une approche philosophique !), laquelle serait une philosophie du management. Or si la stratégie est la conduite générale des organisations, nous pouvons considérer qu’elle pourrait servir de base à une telle philosophie. Je propose ainsi de continuer mes anciennes recherches, en freelance s’il le faut, pour développer une telle philosophie (géo)stratégique, laquelle soutiendrait mon entreprise de consultance en (géo)stratégie.

Qu’est-ce qui distingue un consultant « philosophe » d’un consultant « classique » ? 

Déjà, il convient de distinguer dans la stratégie trois étapes, que je vais prendre à rebours : l’implémentation d’une stratégie en terme de processus divers, la décision de cette stratégie et, au préalable, l’analyse du contexte stratégique, et même global ou géostratégique. La ou le consultant·e « philosophe », à mon sens, est mieux outillé·e pour l’analyse d’un tel contexte : quelle est l’organisation avec sa mission, sa raison d’être, ses valeurs, sa culture, son histoire. Il s’agirait donc de penser le « pourquoi » d’une organisation cliente. Ce contexte concerne de même des aspects économiques, politiques, sociétaux, technologiques… aspects qui ont eu, nous pouvons être certains, des analyses d’ordre philosophique et qui peuvent donc être appréhendées philosophiquement. 

Une ou un consultant·e plus « classique » peut donc appréhender surtout le « comment », donc les deux autres étapes de la stratégie. De même, elle·il appartiendra souvent à une firme, laquelle aura ses propres méthodes à « appliquer ». Tel est le « produit » de cette firme. Une ou un philosophe est quant à elle·lui plus libre quant aux méthodes à employer, définissant celles qui sont le plus adéquates comme lors d’une dissertation ou d’une thèse.

Tu as participé plusieurs fois au concours de vulgarisation « Ma Thèse en 180 Secondes » qu’est-ce que cette expérience t’a apportée ?

Beaucoup de choses. D’abord, une manière d’appréhender le milieu académique plus… ludique. Présenter ses recherches ou analyses via la vulgarisation pour toucher un vaste public est très divertissant. Un exercice littéraire et théâtrale. C’était aussi l’occasion de rencontrer d’autres chercheuses et chercheurs d’autres facultés. Tant de gens brillants qui se croisent sur un campus sans se rencontrer… Enfin, et non des moindres, une méthode. En effet, la structure de la vulgarisation est la suivante : poser un contexte, définir le problème, analyser le problème et donner des résultats. Or telles sont les étapes d’une étude de cas, peut-être plus à même de plaire aux entreprises. A noter enfin qu’une telle structure peut bien se marier avec une narration… Un peu de « storytelling » pour illustrer le propos pourrait se montrer adéquat.

Comment développer les capacités de vulgarisation scientifique des chercheurs ? En quoi est-ce si important aujourd’hui ? 

Le MT180 est une très bonne initiative. Cependant, nous pouvons juger ce concours insatisfaisant. Médiatisant certaines recherches au détriment d’autres et ne donnant pas systématiquement à tous les clefs pour une vulgarisation réussie (je n’en ai appris la structure qu’à la deuxième tentative). Il conviendrait qu’une formation à la vulgarisation soit généralisée en vue de donner plus de publicité aux universités, en dehors de leur rôle formateur, mais surtout aux chercheurs et chercheuses. Cet exercice pourrait même leur être utile dans leurs publications plus académiques, mais surtout pour qu’elle·il·s soient plus visibles. Or promouvoir les compétences des doctoresses et docteurs est à mon sens primordial pour qu’elle·il·s puissent être reconnu·e·s en dehors de l’université.

Quels sont selon toi les domaines où les chercheurs ont la plus grande valeur ajoutée ? 

En 2018, j’ai participé à une formation ou expérience organisée par Adoc Talent Management (boite de recrutement spécialisée dans les profils doctoraux) et Focus Research (association belge qui accompagne ces profils pour leur intégration professionnel) : le Doc to Business Challenge. Il s’agissait de mettre de jeunes chercheuses et chercheurs au prise avec un problème de gestion de projet. Je salue au passage mon ancienne équipe de doctoresses : les Doctors Who. Or, selon leurs profils et intérêts, les chercheuses et chercheurs sont soit bon dans la conception (comme bibi), dans la méthodologie,  l’opération elle-même… 

Leur plus-value dans le management est une réalité, qu’elle.il.s continuent ou non la recherche. Dans mon cas, je ne saurais trop remercier Amandine Bugnicourt, CEO d’Adoc pour m’avoir confirmé la voie de la consultance en stratégie. Le Cavalier lui doit beaucoup. Mais de manière plus générale, je pense que les doctoresses et docteurs sont bien adapté·e·s pour la consultance, en dépit de leur « manque d’expérience » dans les affaires. Elle·il·s ont des compétences d’analyse et de synthèse qui ne sauraient être négligées.


Biographie :

Martin Bolle est Docteur en philosophie. Son approche originale l’a conduit à croiser philosophie et pensée militaire. De fil en aiguille, il a découvert que la stratégie est le chaînon manquant entre philosophie et management. Sa mission est donc double : proposer une stratégie philosophique aux entreprises en quête de valeurs et de sens et donner à la philosophie en entreprise sa base d’une philosophie géostratégique du management. Il collabore ainsi depuis janvier 2020 avec l’ASBL « Philosophie & Management » (PhiloMa) pour comprendre les concepts philosophiques susceptibles de concerner le management et les organisations en général.

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