Relever les challenges technologiques : l’Europe va devoir faire mieux !

Relever les challenges technologiques : l’Europe va devoir faire mieux !

Marc Turiault

Docteur et conférencier en Neurosciences, Marc Turiault a décidé de rejoindre Okay Doc en qualité d’associé et responsable de formation en ce début d’année 2021. Il propose d’ailleurs une formation en neurosciences à destination des entreprises désireuses d’améliorer leur stratégie et efficacité. Ses domaines d’expertises s’articulent autour de l’application des sciences cognitives au leadership et à l’éducation. Cette semaine, Marc Turiault se livre à Okay Doc afin de nous en dire un peu plus sur son parcours, ses domaines de prédilection et la nécessité de faire le lien entre l’entreprise et la recherche.

Commençons par évoquer votre parcours, racontez-nous ce qui vous a amené à vous spécialiser dans ce domaine ?

A 21 ans, j’écoutais une émission scientifique sur France Inter où un chercheur en neurosciences expliquait son travail, ses découvertes. Il m’a fasciné et j’ai écrit en gros sur une feuille blanche : « je veux devenir neurobiologiste !!! ». Je suis allé au centre d’orientation de l’Université Montpellier II. Sur un mur était affiché le diagramme du cursus universitaire avec, tout en haut, le Doctorat. Je me suis dit : je vais aller là et je saurais tout sur le cerveau…hum.

Je suis allé là-haut. Sur le trajet, en Master, j’apprenais tellement de choses chaque jour sur le cerveau que j’ai vécu une angoisse terrible : voir se transformer les poèmes de Baudelaire en équations congelées. Bien sûr, ça n’est jamais arrivé ! Plus on découvre le cerveau, plus on se pose de questions. Tous les chercheurs vivent cet accroissement de la complexité qui semble sans fin. Si les sciences cognitives apportent aujourd’hui des éclairages magnifiques sur notre comportement, le refroidissement des poèmes de Baudelaire n’est pas pour demain.

Après l’Université, je voulais découvrir l’industrie. On la présentait quasiment comme le diable dans les labos. Ça m’a donné envie d’appuyer sur le bouton rouge. J’ai découvert un endroit où l’on travaillait dans le plaisir…

Je me suis ensuite passionné pour les sciences du management. Ainsi, je m’amuse à tester au quotidien les principes des sciences cognitives en tant que responsable d’équipe de formation. J’ai passé le brevet fédéral de formateur d’adulte suisse. Désormais manager et formateur, je continue à enrichir mes formations et conférences grâces aux échanges avec les leaders.

Qu’est-ce qui vous a motivé à rejoindre Okay Doc ?

Okay Doc opère un rapprochement entre scientifiques et besoins des organisations. Depuis 8 ans, je fais précisément ce travail de construction d’un pont entre les sciences cognitives et les besoins que j’observe chez mes clients.

J’ai donc rejoint Okay Doc pour m’enrichir au contact de pairs avec qui je partage une vision et pour développer des formations en apportant un peu du fameux pragmatisme suisse. Ça ne peut pas faire de mal ! Je suis responsable de formation dans l’entreprise suisse So Brain.

Alors que le monde est en mutation rapide, quelles sont les raisons d’un tel besoin des entreprises en experts ?

L’innovation technologique, source de développement pour l’économie mondiale, se construit sur les avancées de la recherche scientifique. Les compétences technologiques sont élevées dans les entreprises mais seuls les chercheurs sont en contact avec la matière vivante de la connaissance, celle qui est en train d’être créée. C’est donc avec les chercheurs que les entreprises peuvent garder ou prendre une longueur d’avance. Surtout quand il s’agit de faire face à la croissance fulgurante de pays dont on disait il y a encore peu qu’ils étaient « en voie de développement ». Il semble assez évident que pour relever les challenges technologiques, la vieille Europe va devoir faire mieux qu’avant. C’est encore plus vrai en France où il y a d’immenses progrès à faire pour accorder les violons entre recherche fondamentale et développement technologique.   

Pourquoi est-ce important de valoriser la recherche en France dans le domaine des Sciences cognitives ?

Quand le niveau de formation technologique est très élevé dans les grandes organisations, la capacité des collaborateurs à prendre des décisions complexes, à avoir un regard sur leur réelle motivation à agir, est presque romantique. Les révolutions industrielles ont provoqué un énorme focus sur les compétences techniques. Pour être « intelligent », il faut avoir de bons résultats en maths. Et voici comment l’on génère une nation d’abrutis émotionnels que nous sommes, incapables de gérer nos agacements, colères et autres jugements. De ce point de vue, la formation des managers est un élément capital du développement des entreprises pour, par exemple, apprendre à mettre en jeu quelque chose dont tout le monde parle sans vraiment réussir à la mettre en œuvre : l’intelligence collective. Je crois que les entreprises qui auront su en profiter seront celles qui feront la différence dans le monde à venir où le deep learning (apprentissage profond), sera partout. Dans les grandes organisations, il va probablement dévorer tous les postes de travail dont on a atomisé les tâches. Une IA devrait bientôt ne faire qu’une bouchée de la plupart d’entre eux.

Profiter de l’intelligence collective, la structurer d’une façon qui soit complémentaire à l’IA, c’est sans doute le défi majeur du 21e siècle.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune chercheur qui souhaite valoriser son expertise ?

Il me semble que le plus important est de prendre conscience que nous avons surtout besoin de nous faire connaître et d’ouvrir grandes nos oreilles pour apprendre les codes et les principes de fonctionnement informels du monde de l’entreprise. Concrètement : je conseille de demander des entretiens d’information à des dizaines de professionnels. LinkedIn est un outil puissant mais téléphoner à des responsables d’entreprises qui vous intéressent, au culot, c’est magique. Plus l’expert parle la langue de son interlocuteur et comprend ses besoins, plus il a de chances de convaincre. Enfin, pour acquérir cette vision systémique et sortir de son micro domaine d’expertise, il est essentiel d’élargir sa culture scientifique.


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