Recrutement : « Faire des chercheurs des trouveurs d’emploi »

Recrutement : « Faire des chercheurs des trouveurs d’emploi »

Post interview christel de foucault

Soyez connu et reconnu ! L’attractivité et la reconnaissance du doctorat par la société est un enjeu essentiel car contrairement à une idée répandue tous les chercheurs ne deviennent pas enseignants. En réalité, plus de 60% des docteurs effectuent leur carrière dans le secteur privé mais les jeunes chercheurs ne savent pas toujours comment mettre en avant leurs parcours. Pour répondre aux questions que beaucoup se posent Yann-Maël Larher, co-fondateur de Okay Doc, interroge Christel de Foucault, ancienne recruteuse qui anime chaque semaine le podcast« Trouveur d’emploi », consacré à la recherche d’emploi.

Sommaire

 Avoir un profil attractif sur LinkedIn c’est aussi une science ! Comment compléter son profil LinkedIn quand on est chercheur et que l’on s’adresse à une entreprise ?

 Pour avoir un profil Linkedin attractif, il convient de le « décorer » comme s’il s’agissait d’une « vitrine » professionnelle et non pas d’un CV. On envoie un CV chez le recruteur en l’adaptant à ses besoins alors que sur Linkedin, c’est le recruteur qui vient « chez nous ». On doit lui donner envie de « franchir la porte » grâce à :

  • une photo professionnelle et souriante (sur Linkedin on n’avance pas masqué) ;
  • une bannière décorée avec des visuels et des messages correspondants aux projets professionnels ou personnels ;
  • un titre accrocheur comprenant le poste occupé ou recherché ainsi que tous les autres mots clefs liés au projet (pour séduire l’algorithme et être facilement trouvé) sachant qu’on peut aller jusqu’à 200 caractères ; 
  • un résumé (paragraphe « infos ») pouvant aller jusqu’à 2600 caractères et qui permet de présenter son offre de services en mode storytelling ;
  • des rubriques (expériences, formations,…) parfaitement renseignées et bien détaillées avec les mots clefs correspondant au projet professionnel ou personnel, intéressant les « humains » du réseau mais aussi la « machine » algorithme ;
  • des compétences (hard skills et soft skills) mises en lumière dans le paragraphe « compétences » pouvant aller jusqu’à 50 et validées ensuite par les membres du réseau,
  • des recommandations écrites qui apportent de la valeur à l’offre de services.

 Beaucoup de personnes n’osent pas publier sur LinkedIn que voudrais-tu leur dire ? Les « digital natives » sont-ils avantagés par rapport aux « seniors »  ? 

Sur Linkedin, je pense que les seniors ont tout à fait leur place.  Si je prends mon propre exemple de senior de 56 ans : quand j’ai commencé à publier sur Linkedin, j’avais moins de 500 abonnés et aujourd’hui, 5 ans après, j’ai dépassé les 200 000. C’est à la portée de tous de développer son réseau et sa visibilité à partir de ce que l’on publie. Avant de se lancer, il convient de beaucoup observer, d’analyser ce qui fonctionne, de comprendre les codes humains et les exigences de l’algorithme et de trouver sa ligne éditoriale et son format (articles, posts, commentaires). Le plus important est de générer des interactions suite aux publications, notamment via les commentaires puis les mp (messages privés) et de ne pas se contenter uniquement de publier et de partir. 

Linkedin est bien plus qu’un simple média, c’est un vrai réseau d’échanges.

Tu es toi même devenue la référence du recrutement sur les réseaux sociaux et sur LinkedIn en particulier. Les réseaux sociaux ont-ils changé la façon dont-on recrute dans les entreprises ? 

 Le recrutement est de plus en plus lié aux réseaux sociaux. Tout d’abord, les recruteurs aiment « googleliser » les candidats avant de les recevoir et ils vont souvent visiter leur profil. Les entreprises mettent des annonces sur les réseaux au même titre que sur les job boards et elles diffusent aussi des offres d’emploi au travers de posts. De nombreux recruteurs font leur « marché » sur les réseaux et repèrent ainsi les talents qui les intéressent. Les entreprises, soucieuses de leur Marque Employeur, sont aussi à la recherche de futurs collaborateurs susceptibles d’être de potentiels ambassadeurs d’où l’intérêt d’être actif sur un réseau comme Linkedin.

 Les docteurs/doctorants ont-ils une place à prendre sur LinkedIn en particulier ? Est-ce qu’il y a des « niches » à occuper ? 

 Ils ont tout à fait leur place. Ils peuvent notamment produire du contenu dans leurs spécialités et/ou faire découvrir leurs parcours de formation (« vis ma vie de doctorant/docteur ») ou communiquer sur la recherche en général. Je suis certaine que cela intéresserait de nombreux membres du réseau Linkedin qui n’osent pas s’orienter ou orienter leurs proches vers des études si longues… Ils peuvent également faire du réseau, entre eux, mais aussi avec les autres membres de Linkedin et de belles collaborations peuvent ainsi naitre. 

Quelles démarches adopter quand on cherche un emploi sur les réseaux sociaux ? Doit-on mettre en avant son diplôme ou son parcours ? 

 Personnellement, je préconise de valoriser plutôt l’expérience professionnelle car c’est ce que recherchent avant tout les recruteurs. Néanmoins, il n’y a pas d’incompatibilité à mettre en avant les deux, surtout quand on a un doctorat, car cela induit, au-delà des compétences techniques, ces fameuses soft-skills appréciées des recruteurs (la gestion du stress, la capacité à prendre de la hauteur, la patience, la faculté à gérer des problèmes complexes,…). Les chercheurs pourront promouvoir sur les réseaux les compétences transférables acquises pendant leur thèse dans leur vitrine Linkedin, en détaillant bien leurs travaux dans la rubrique formation, en en parlant dans leur pitch/résumé et surtout au travers de leurs publications. Par ailleurs, de nombreuses pièces jointes ou articles peuvent permettre d’enrichir les profils. Si le profil est attractif, les recruteurs prendront la peine de consulter ces documents mis à la disposition des « visiteurs ».

 Certains dispositifs innovants, tels le doctorat Cifre (Conventions Industrielles de Formation par la Recherche) ou le CIR pour les jeunes docteursont fait leurs preuves pour améliorer l’insertion des chercheurs. Toutefois, ces dispositifs ne sont pas toujours connus des recruteurs. Les chercheurs candidats peuvent-ils les mettre en avant auprès des recruteurs ?  

Je pense que les chercheurs ne doivent pas hésiter à faire connaitre ces dispositifs vraiment intéressants pour les entreprises, via leurs publications sur les réseaux sociaux, dans leurs mails de motivation au moment de candidater dans les entreprises voire au cours des entretiens. Cela valorise vraiment leurs candidatures et permet de créer une « alliance » avec les recruteurs en étant force de proposition.

On voit de plus en plus de chercheurs animer des chaînes Youtube de vulgarisation scientifique. Tu animes toi même un podcast consacré aux chercheurs d’emploi. Communiquer à l’écrit et à l’oral est-ce que c’est la même chose ?  

En fait j’anime les deux, une chaine Youtube, « le Grand Jeu de la Recherche d’un job » et un podcast « Trouveur d’Emploi ». Je crois beaucoup à la vulgarisation des concepts via la vidéo et pourquoi pas au travers de la voix et qui mieux qu’un chercheur pour simplifier la pensée complexe auprès du plus grand nombre en utilisant les médias du moment ?

J’apporte un bémol à mon propos : il ne faut pas se forcer si on est plus à l’aise à l’écrit qu’à l’oral car l’exercice au micro ou devant une caméra est souvent difficile. Par contre, le chercheur qui aurait ce genre d’appétence et de compétence ne doit surtout pas hésiter car c’est un vrai atout dans une candidature.

Un lien vers une chaîne YouTube ou un podcast peut être mis dans un CV mais aussi dans une vitrine Linkedin. Le recruteur voit et entend le candidat avant même de le recevoir et cela peut aussi être le facteur déclenchant de la rencontre.https://www.linkedin.com/embeds/publishingEmbed.html?articleId=9026266843849951187

Finalement sur les réseaux sociaux on dit souvent qu’il faut donner pour recevoir : tu confirmes ? 

Je confirme totalement car c’est LE grand principe du réseau : accepter de donner avant de recevoir. Si l’on s’inscrit sur un réseau dans le seul but de trouver très vite un emploi, cela ne va pas fonctionner car la démarche de création de réseau est longue. Elle passe par des mises en relation, au départ non intéressées. Si l’on demande un job dès les premiers échanges, les membres du réseau vont partir en courant. On risque même d’avoir à donner avant d’envisager de recevoir quoique ce soit mais il ne faut pas hésiter car, même si cela prend du temps, on a toujours un retour, qui ne vient pas nécessairement de ceux que l’on a aidés. C’est une sorte de grand cercle vertueux…


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2 Responses

  1. robinet doré dit :

    Je suis tellement intéressé à participer à cette interview, surtout pendant cette pandémie.

  2. […] est essentiel pour les docteurs de mettre en valeur ces compétences transférables et d’adapter leur CV en conséquence afin de saisir ces […]

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