MANIFESTO

Pourquoi ce manifeste ?


La diffusion de l’innovation est notamment influencée à la fois par des facteurs relatifs aux caractéristiques des produits ou des technologies nouvelles, questions auxquelles peuvent répondre des profils peu spécialisés, mais également par un environnement économique et sociétal complexe et appréhendable particulièrement par des expertises affutées et un sens particulier de l’épistémologie des connaissances. Il est ainsi également important de lutter contre l’opposition sempiternelle entre les sciences dites dures et les sciences humaines et sociales car cette vue de l’esprit laisse planer l’idée latente que certaines sciences requièrent des approches validées empiriquement tandis que d’autres auraient des fondations moins stables. En plus d’être totalement erroné, ce biais empêche une bonne utilisation de certaines compétences et approches irremplaçables dans la course à l’innovation. Pourtant, la société civile a besoin de spécialistes de la connaissance en provenance de toutes les disciplines car, si les docteurs sont capables d’innover dans le domaine du savoir, ils ont aussi des compétences en ce qui concerne le savoir-faire et le savoir-être grâce à leurs activités doctorales et extra-doctorales, ainsi qu’à la gestion de projet. Ainsi, la réalité de l’entreprise est beaucoup moins éloignée que certains recruteurs et chefs d’entreprises pourraient le croire.

Nouveaux espaces, nouvelles interactions à l’ère du numérique

La généralisation des usages du numérique modifie en profondeur les lieux d’apprentissage, de diffusion des connaissances, et les espaces de travail. Cette mutation se traduit dans les schémas organisationnels mettant en exergue modularité et polyvalence, en épousant de nouveaux usages et en favorisant d’autres, et en adoptant de nouvelles formes de sociabilité et de travail outillés par le numérique.
Aujourd’hui, les entreprises désireuses d’installer un processus d’innovation durable ont tout autant besoin de chercheurs en psychologie cognitive que d’experts en marketing social, de designers voire d’ingénieurs… Elles ont en effet à coeur d’instaurer une politique de gestion à même de se réinventer, de faire preuve de créativité et d’investir dans de nouveaux business model parfois même inédits dans l’histoire de l’entreprise. Ce nouveau mode d’organisation, enrichi constamment par l’esprit de la recherche et galvanisé par des experts de pointe en provenance de domaines très variés, est aujourd’hui exploité à son plein potentiel par les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), qui ont bien compris son potentiel pour le développement à moyen et long terme de toute entreprise.

Dépoussiérer l’image du doctorat auprès des entreprises

Okay Doc, en fédérant un écosystème d’experts et en les mettant en lien avec les besoins des entreprises, entend devenir un vecteur incontournable du dialogue fructueux entre les organisations et l’excellence de la recherche française. L’un des mécanismes d’action consiste notamment à valoriser l’expertise des chercheurs au travers de missions courtes, ce qui aura pour effet de réduire la différence de cultures entre les mondes économiques et académiques et diminuera ce frein spécifique aux processus d’innovation des entreprises. Pour notre collectif, valoriser le doctorat n’est ici ni un enjeu corporatiste, ni même disciplinaire, nous souhaitons au contraire soutenir les entreprises françaises face à une concurrence internationale toujours plus inventive, culturellement décalée et avec des contraintes réglementaires parfois plus avantageuses.

Le profil des docteurs, parfois perçu comme risqué voire déconnecté du monde de l’entreprise, n’a pourtant rien à envier aux ingénieurs et autres diplômés de grandes écoles. Ces premiers sont en effet des profils essentiels à porter à la connaissance des entreprises.
Ce manque de reconnaissance, fait culturel typiquement français, est aisément perceptible dans les enquêtes annuelles concernant l’insertion professionnelle des docteurs en France. Alors que le doctorat est perçu comme une formation d’élite dans le monde entier, les docteurs ont parfois beaucoup de difficultés à convaincre certaines entreprises de leur incroyable valeur ajoutée.

La question de leur insertion est importante car les docteurs constituent une ressource humaine essentielle dans le secteur de la recherche – développement, et contribuent donc à la compétitivité de la France. On observe depuis quelques années un net recul des inscriptions à l’université dans certains cursus, notamment en Sciences Humaines et sociales où les doctorats sont perçus comme peu valorisant en entreprise. Ce mouvement de repli est un symptôme particulièrement inquiétant, car la société a particulièrement besoin d’expertises pointues dans ces domaines pour décrypter le monde et construire l’avenir !

L’innovation transforme la façon de faire et stimule la croissance

La diffusion de l’innovation est notamment influencée à la fois par des facteurs relatifs aux caractéristiques des produits ou des technologies nouvelles, questions auxquelles peuvent répondre des profils peu spécialisés, mais également par un environnement économique et sociétal complexe et appréhendable particulièrement par des expertises affutées et un sens particulier de l’épistémologie des connaissances. Il est ainsi également important de lutter contre l’opposition sempiternelle entre les sciences dites dures et les sciences humaines et sociales car cette vue de l’esprit laisse planer l’idée latente que certaines sciences requièrent des approches validées empiriquement tandis que d’autres auraient des fondations moins stables.

En plus d’être totalement erronée, ce biais empêche une bonne utilisation de certaines compétences et approches irremplaçables dans la course à l’innovation. Pourtant, la société civile a besoin de spécialistes de la connaissance en provenance de toutes les disciplines car, si les docteurs sont capables d’innover dans le domaine du savoir, ils ont aussi des compétences en ce qui concerne le savoir-faire et le savoir-être grâce à leurs activités doctorales et extra-doctorales, ainsi qu’à la gestion de projet. Ainsi, la réalité de l’entreprise est beaucoup moins éloignée que certains recruteurs et chefs d’entreprises pourraient le croire.

Acculturer mutuellement les doctorants et les entreprises

De nombreux points nous permettent de penser que les docteurs ont à leur disposition un ensemble de compétences polyvalentes et hautement techniques pouvant servir de levier puissant à l’innovation. Pour commencer, le doctorat est le diplôme universitaire le plus élevé. Pour l’obtenir, le niveau master est d’abord nécessaire, ce à quoi s’ajoutent encore en moyenne trois ans et huit mois afin de rédiger une thèse de qualité. C’est un travail de longue haleine qui demande de la passion et un grand investissement. Une des grandes plus-values d’un doctorat, parfois peu visible mais bien réelle, est l’appréhension des difficultés et la recherche incessante d’aller au-delà du statu quo.

Tout au long de la formation de chercheur, il est nécessaire de soumettre à publication des articles de recherche au sein de prestigieuses revues scientifiques. Ceux-ci seront passés en revue par des experts de la communauté, ce qui implique un niveau d’écriture et de prise de recul d’une qualité particulièrement élevée. Ainsi, cette exigence de qualité et la quête perpétuelle de valeur ajoutée par rapport à l’existant sont les principales qualités héritées du compagnonnage des docteurs. La thèse est également très formatrice en matière de communication. Un jeune docteur aura en effet passé une grande partie de son temps de travail à mettre en forme et présenter ses résultats en de multiples occasions : résumés des recherches, échanges avec son équipe, présentations lors de conférences et autres multiples occasions de vulgariser ses travaux pour un public profane ou bien dans un cadre pédagogique.


Enfin le doctorat permet de travailler de façon prolongée et méticuleuse sur un domaine de recherche particulier et innovant. Une thèse rend bien souvent le docteur non seulement spécialiste mondial de son sujet de recherche, puisqu’il faut que son travail s’inscrive toujours dans une problématique encore non traitée jusqu’à ce jour, mais c’est aussi et surtout une expérience formatrice. Parce qu’il indique un profil rigoureux, déterminé, ambitieux, et capable de trouver des solutions à certains problèmes inédits, le doctorat devrait donc naturellement constituer un passeport et un atout pour collaborer avec les entreprises, et ce quelle que soit la discipline.

La plus-value du doctorat pour les entreprises et l’innovation

La nécessaire valorisation peut certes passer par des aides aux entreprises, mais nous pensons qu’elle implique aussi et surtout de nouveaux modes de collaboration entre le monde académique et les entreprises. Les entreprises et les chercheurs doivent comprendre que leur survie demain est conditionnée à leur capacité à collaborer. Un chercheur doit autant s’intéresser à l’entreprise que l’entreprise doit être convaincue des apports de la recherche. Un problème de fond subsiste, il s’agit du manque de communication et de lien entre le monde universitaire et celui de l’entreprise. Également, même si le nombre d’entreprises qui identifient le besoin de recourir à des doctorants ou à des docteurs augmente, il subsiste encore certaines difficultés à identifier les profils qui leur sont nécessaires et à reconnaître les compétences transversales de ces candidats atypiques.

De l’autre côté, démarcher une entreprise quand on est doctorant est quasiment impossible et reste très difficile une fois devenu docteur(e). Pourtant, leurs compétences transverses ou spécifiques à leur sujet de thèse peuvent intéresser les entreprises. Avec le développement des technologies de l’information et des biotechnologies, il apparaît de plus en plus clair que le monde évolue vers une société de l’information et de la connaissance. Alors que l’Europe a pris du retard dans la plupart des secteurs technologiques en comparaison aux Etats-Unis ou à la Chine, la variété des travaux de recherche en France pourrait constituer un facteur clé de la compétitivité des entreprises françaises en transformant les relations avec les clients, les fournisseurs et les autres partenaires, et en étant à l’origine d’une réorganisation des méthodes de conception et de production. Les succès de la Silicon Valley illustrent le potentiel des nouveaux modes d’innovation et de croissance économique. Dans ce « modèle », les liens entre universités et industrie constituent un élément central.

Les innovations non technologiques en matière d’organisation ou de marketing peuvent intervenir dans des secteurs différents des innovations technologiques, mais peuvent aussi être complémentaires des innovations technologiques. L’explosion du numérique a ainsi engendré des données toujours plus complexes et nombreuses. La compréhension et l’utilisation optimale de ces données sont un enjeu économique majeur. Entrepreneurs, décideurs, responsables de l’innovation ont autants de projets qui nécessitent de plus en plus une expertise composite, à la fois technologique, économique et/ou juridique de haut niveau. Chaque doctorant est formé pour s’attaquer à des problèmes dont nul ne connaît la solution. Les entreprises françaises qui souhaitent innover doivent aussi « jouer le jeu ». La première tâche est de prendre en compte la difficile articulation du court terme et du long terme : urgence de la reprise économique, et du remplissage des carnets de commande, long terme de pérennisation des places sur le marché et de l’écologie et la sauvegarde des équilibres terrestres, climatiques et biologiques. L’objectif est de construire un dialogue réel, exigeant et patient, entre des compétences diverses, celles des experts de plusieurs disciplines, et les préoccupations des entreprises.

Pourquoi les PME ont besoin des universités (et réciproquement)

D’un côté, le modèle dominant d’entrepreneuriat est encore largement celui de la «PME» en Europe. De l’autre, les start-up de croissance, en particulier celles qui sont financées par du capital-risque, forment une toute petite minorité des nouvelles entreprises, même parmi les entreprises de technologie. Cependant grâce leur objectif de croissance et de leur caractère innovant, les plus performantes ont eu un impact économique considérable aux Etats-Unis. Les liens entre les PME et le monde de la recherche sont trop souvent inexistants, c’est la raison pour laquelle il est essentiel qu’elles puissent elles aussi bénéficier de l’expertise d’intervenants-chercheurs.

La contribution des universités à l’innovation a été conçue trop exclusivement sous l’angle de l’essaimage de spin-offs, sur la déclaration d’invention par des chercheurs, le dépôt d’un brevet et la vente d’une licence à une start-up. L’activité de conseil (ou de consultants) des chercheurs, les publications et le recrutement des étudiants dans l’industrie jouent un rôle beaucoup plus important selon nous. Il est nécessaire de prendre en compte l’ensemble des activités des universités pour comprendre leur rôle en termes d’innovation dans la société et ne pas se focaliser sur les brevets et la vente de licences.

Une étude du MIT Management Science montre notamment que les universités peuvent contribuer de diverses manières à l’innovation économique nationale (publications, conférences, conseils, échanges informels, partenariats scientifiques, licences, recrutement, management de l’innovation…). Ces résultats sont utiles pour garder en perspective le rôle des universités comme source de connaissance pour l’innovation au sein du système d’innovation général. Ce travail sur la connaissance peut se faire de plusieurs manières : soit en adaptant des connaissances existantes mais passées inaperçues pour l’entreprise, ou bien encore exploiter et réorienter des connaissances déjà présentes dans les entreprises mais inexploitées.

Un écosystème innovant et vertueux

Okay Doc est entièrement financé par les entreprises privées et souhaite constituer un nouvel écosystème innovant et vertueux avec l’ensemble des petites, moyennes et grandes entreprises ainsi que les organisations publiques à travers la mise en place d’un cadre juridique adaptée à la collaboration :
– Valorisation des résultats de la recherche scientifique et technique.
– Diffusion de l’information scientifique et technique (note de recherche, formation, etc.).
– Conseils aux entreprises, aux administrations (Sélection d’experts freelance, recrutement CIFRE, jeunes doctorants)
– Missions d’expertise liées au sujet de thèse ou aux compétences doctorales

Bénéficiant d’effets de réseau, de système, d’agrégation, d’intelligence collective, Okay Doc constitue la nouvelle plateforme des forces innovantes, d’échange de compétences, de professionnalisation, de recrutement, de médiation scientifique, de valorisation dont les effets bénéfiques sont nombreux :

Pour les entreprises :
– Gagner la course mondiale à l’innovation
– Développer de nouveaux produits ou concepts
Faire évoluer les processus des stratégies des organisations

Pour les doctorants et docteurs :
– la diminution de la précarité grâce à des missions adaptées aux exigences de la recherche doctorale
– une meilleure formation du fait de la réalisation d’études sur le terrain
– une meilleure valorisation, notoriété, et reconnaissance grâce aux interventions en entreprise
– une meilleure insertion professionnelle grâce à une connaissance renforcée des entreprises

Pour le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation :
– la diminution des abandons de thèse du fait des encouragements, de la socialisation, du meilleur confort financier
– la constitution de réseaux multidisciplinaires pour des projets communs
– l’augmentation du nombre d’inscriptions en thèse grâce à davantage de valorisation et d’attractivité de la recherche