Doctorat/PhD : pourquoi la France gagnerait (pour une fois) à s’inspirer du système américain

Doctorat/PhD : pourquoi la France gagnerait (pour une fois) à s’inspirer du système américain

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Très prisés aux Etats-Unis, les titulaires d’un doctorat (PhD en anglais) séduisent de plus en plus les entreprises pour leur expertise. Dans ce nouvel article Okay Doc donne la parole à l’un ses docteurs et experts, Arnaud Cottet, qui a fait sa thèse aux Etats-Unis pour nous apporter son éclairage sur la différence entre ce qui se passe pour les doctorants en France et de l’autre côté de l’Atlantique.

Le PhD à l’américaine est méconnu en France

En 2015, je faisais partie des organisateurs de la JCFD, la Journée nationale de la Communauté Française des Docteurs. Par docteurs, on entend les titulaires d’un doctorat. Cette communauté a pour but de créer de la visibilité pour le doctorat français, de permettre aux docteurs de se rassembler et d’améliorer le développement de leur réseau. La journée nationale permet d’avoir une réflexion collective sur ce que représente le doctorat en France et sur les blocages actuels à la reconnaissance des docteurs et à leur employabilité.

En effet, parmi cette équipe bénévole d’organisateurs, j’étais le seul à avoir un PhD américain. En écoutant les autres organisateurs, j’étais effaré par le peu de reconnaissance du doctorat en France et par la difficulté qu’ils avaient à trouver un emploi. Une différence avec les USA ou même nos voisins allemands où les gens vous appellent par votre titre, une forme de reconnaissance du diplôme. 

En Allemagne vous ne pouvez pas accéder à certains postes à responsabilité dans une grande entreprise si vous n’êtes pas docteur et plusieurs de mes amis Coréens revenaient aux pays, leur PhD en poche, pour gérer de grosses équipes de recherche. Cela peut faire rêver bien des chercheurs français.

Qu’est-ce qui peut bien faire la différence entre un PhD américain et un doctorat français ?

Une première différence vient que le doctorat français est le plus haut diplôme de l’enseignement supérieur. Il est le couronnement de longues années d’études et ce de façon continue alors que les doctorants américains sont souvent passés plusieurs fois par la case entreprise après un bachelor (entre Licence et Master) et un Master avant d’envisager un doctorat. Ces passages par l’industrie permettent non seulement d’avoir une vision plus « industrielle » de la recherche mais surtout de se développer un réseau professionnel qui est sans commune mesure avec celui d’un doctorant français. 

Une deuxième différence vient du parcours même pour obtenir son PhD. Comme en France, les futurs doctorants sont sélectionnés sur dossier, il faut ensuite passer par trois étapes :

  1. Le « qualifying exam » qui intervient souvent à la fin de la première année, permet d’évaluer dans quelle mesure chaque candidat au doctorat maîtrise les bases scientifiques du domaine et spécialisation de son département. Chaque « qualifying exam » est propre au département de l’université. Cela peut être des exercices que le candidat doit résoudre à l’écrit et/ou à l’oral, ou une ou plusieurs dissertations à écrire en un temps limité sur un sujet précis.  En général, on a droit à deux essais pour réussir cet examen. Si on échoue à la deuxième tentative, le doctorat s’arrête mais on peut continuer les cours jusqu’à l’obtention d’un Master of Science. Le « qualifying exam » est un examen difficile et il n’est pas rare de voir un taux de succès de seulement 10-20%. Un tel examen met les étudiants à rude épreuve mais permet de sélectionner les meilleurs. 
  2. La deuxième étape est le « preliminary exam » qui est une proposition de thèse et la présentation des premiers résultats devant un comité restreint.
  3. La dernière étape est le « final oral exam » qui est l’équivalent de la présentation des résultats de sa thèse à un jurée élargi.

Une troisième différence est qu’il faut valider un certain nombre de crédits pour obtenir le PhD américain. On peut ainsi prendre des unités d’enseignements qui aideront à la réalisation de son sujet de thèse ou permettront d’acquérir des « soft skills » ou des notions de finances ou marketing du programme de MBA. Certaines universités américaines permettent d’ailleurs d’obtenir un double diplôme, PhD et MBA. Le temps pour compléter ce double diplôme est bien sur beaucoup plus long qu’un PhD normal mais offre de très belles perspectives de carrière. Certaines universités proposent des programmes transdisciplinaires comme le programme TI: GER qui permet de préparer les étudiants à des carrières dans l’innovation technologique. Ce programme permet aux étudiants du programme de MBA TI: GER® de Georgia Tech de travailler avec leurs homologues inscris en doctorat et en MS dans les départements des sciences pour l’ingénieur et informatique et des étudiants de la faculté de droit de l’Université Emory. Les étudiants ont pour objectif de transformer des résultats de recherche en innovations technologiques. En combinant une approche à la fois scientifique, juridique et commercial, on améliore le succès de cette transformation. Les équipes d’étudiants doivent suivre un cursus multidisciplinaire. Ils sont accompagnés et coachés par un vaste réseau de mentors de l’industrie, comprenant plus de 600 anciens (Alumni) du programme TI: GER, et d’autres experts travaillant sur des projets d’innovation technologique.

Une quatrième différence est que les doctorants américains peuvent faire du consulting pendant leur thèse en particulier en deuxième et troisième année. Ils peuvent passer un à deux mois dans une entreprise le plus souvent en été. C’est le « PhD summer internship » qui leur permet de mettre en avant leurs expertises pointues afin d’aboutir à de nouveaux sujets de R&D ou des ruptures technologiques, de faire émerger de nouvelles compétences, et de créer ou d’améliorer des produits ou services. Les « stages » sont très bien rémunérés, autours de $5000-$6000 voir plus dans les Deep Tech. Il est dommage que ce genre de stage n’existe pas en France. Cela permettrait à nos jeunes chercheurs d’être confrontés au monde de l’entreprise, d’apporter un plus à l’entreprise en particulier les PME et de voir leurs compétences reconnues. 

Une cinquième différence est que beaucoup de doctorants aux Etats-Unis ne veulent pas continuer dans une institution publique et se tournent vers le privé. J’avais pris des cours de MBA et sur la cinquantaine de doctorants présents, seulement deux envisageaient une carrière dans l’enseignement et la recherche publique alors que c’est le principal débouché qu’envisage les doctorants français.

Une sixième différence aux Etats-Unis est la remise des diplômes qui vous fait passer du statut d’étudiant au rang d’alumni (anciens élèves) en faisant tourner le « tassel » (pompon) situé sur la « mortarboard » (la toque) d’un coté à l’autre. L’étudiant porte le « cap and gown » (toge et chapeau) ainsi qu’un « hood » (capuche) aux couleurs de l’université et du département. C’est un moment qui reste à jamais gravé dans votre mémoire et qui renforce votre appartenance à une université et un département. Ce type de cérémonie est encore trop peu répandu en France. On la trouve à la Sorbonne. Le réseau des anciens est très puissant aux Etats Unis. Il facilite les mises en relation, la recherche d’emploi ou le développement des affaires. A part dans certaines grandes écoles d’ingénieurs ou de commerce, il est pratiquement inexistant dans les universités françaises. 

Une septième différence et pas des moindres est que le doctorat est perçu aux Etats Unis comme une expérience professionnelle à tel point que la question est posée outre atlantique de permettre au doctorant de cotiser pour sa retraite pendant sa thèse. Le doctorat, ce n’est pas seulement de la recherche, c’est être chef de projet de longue durée. On apprend à gérer un budget, à se fixer des objectifs, à marketer ses résultats, à convaincre ses pairs, à collaborer avec d’autres équipes, à trouver des financements, à être créatif et innovant, à maitriser des outils pointus. Cependant les salaires d’embauche médian en France pour un jeune docteur, environ 25200€ sont dérisoires par rapport à celui d’un jeune PhD américain, environ $80000 en moyenne voir plus de $100,000 pour certains secteurs de la Deep Tech. Il est tout bonnement incompréhensible qu’il soit inférieur à celui d’un jeune ingénieur en France.

Quels enseignements pour la France ?

Si on regarde le taux de chômage en France des jeunes docteurs, il est d’environ 9% contre 3% pour l’OCDE. Une des raisons et souvent le sous-investissement en R&D du privé et surtout la préférence donnée aux ingénieurs pour la recherche ! Je suis ingénieur également et un ingénieur n’est pas un chercheur, il n’a pas été formé pour cela. Comme le disait mon professeur de physique en école préparatoire et au risque de me mettre à dos les écoles d’ingénieurs, un ingénieur est un « super bricoleur ». Il essaie une solution et si elle marche c’est très bien sinon il en essaie une autre. 

Il faut que nos doctorants aient une meilleure connaissance de l’entreprise et les thèses CIFRE, que nous envient nos voisins d’outre Rhin, vont dans ce sens. Le fait qu’une thèse Cifre soit éligible au crédit d’impôt recherche (CIR) a certainement renforcé son intérêt aux yeux des industriels. Elle contribue à l’emploi des docteurs dans les entreprises que ce soient des grands groupes, PME ou start-ups puisque 2/3 des docteurs Cifre intègrent le secteur privé.  D’après le rapport de l’ANRT de 2016, le Cifre est la première collaboration avec la recherche publique pour 22 % des entreprises. Il faut se réjouir que ce sont 350 entreprises essentiellement composées de PME qui découvrent la recherche publique pour la première fois. Réciproquement, ces thèses Cifre permettent de connaître le besoin des entreprises en termes d’innovation et de R&D. Les Cifres ne représentent que 10% des thèses

Cependant les entreprises françaises restent globalement fermées au doctorat, comparativement à leurs homologues américaines ou allemandes. C’est même une situation très préoccupante car il y a une baisse de l’attractivité du doctorant en France aussi bien pour les étudiants français que les étudiants étrangers. Depuis 2010, il y’a – 12% d’inscrits depuis 2010 en 1ère année de thèse. Il en va de l’avenir de notre compétitivité et notre capacité à innover.

En France, le doctorat est un système à bout de souffle qu’il faut impérativement réformer. Il faudrait qu’il n’y ait en Europe l’équivalent des SBIR et STTIR américains afin de renforcer ce lien entre la recherche publique et l’entreprise. Beaucoup de sujets de thèses aux Etats Unis sont basés sur des problèmes ou verrous technologiques à lever. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces verrous nécessitent aussi bien de la recherche fondamentale qu’appliquée.

L’innovation n’a pas seulement un but économique. Le réchauffement climatique, l’accroissement exponentiel de la population mondiale, la raréfaction des ressources de notre planète, la pollution grandissante depuis la révolution industrielle, les microbes et virus préhistoriques libérés des glaces font qu’innover est inévitable pour la survie de notre planète et le doctorat peut y contribuer fortement.

Dr. Arnaud Cottet – expert Okay Doc (Disruptive Innovation – Business Development – Deep Tech – Digital Transformation)

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14 Responses

  1. Bensoussan dit :

    Merci pour cet article.

    Je suis un industriel dans le monde de la rééducation.

    J’ai développé un dispositif entre autres qui aident des personnes à marcher de nouveau et ou à soigner des problèmes de dos sévères.

    J’ai donc donc cumulé une expertise dans mon domaine d’activité. J’ai un assistant recherche. J’envisage de prendre un doctorant à l’aide d’un programme CIFRE.

    J’ai aussi envisagé de faire une thèse en rapport à mes travaux mais c’est très difficile pour un professionnel surtout avec un parcours atypique.

    J’aimerais échanger avec vous, je suis actuellement à Orlando.

    Au plaisir d’échanger…
    Cordialement,
    Christophe

  2. David dit :

    Bonjour et merci votre article,

    Comme régulièrement quand on compare le doctorat à l’américaine (Ph.D.) et celui à la française, je suis surpis par certains mythes et mécomréhension qui circulent. Je parlerais des doctorat en Sciences car la donne peut-être différente dans d’autres disciplines.

    Les principale différences entre les version Américaines et Françaises sont :
    – Aux USA le recrutement peut se faire après le Bachelor alors qu’en France il faut nécessairement un Master.
    – La durée en France est fixée à 3 ans environ (durée d’un contrat doctorat) alors qu’elle n’est pas limitée au US.
    – L’organisation des Labos et de la recherche est très différente. Cela fonctionne par Professeur qui dispose de son équipe, souvent une dizaine de doctorant et post-doc. L’encadrement est pratiquement nul de la part du professeur.
    – Enfin, les systèmes US et Français sont extrêmements différents avec notamment la présence des Grandes Ecoles qui concurrencent le doctorat. C’est une différence de système et non pas de formation.

    Ces points expliquent beaucoup des différences que vous exposez :

    2 : Comme vous le dites vous-même, le QE se fait avant le grade de Master. En France, le Master obligatoire garanti théoriquement la qualité du quandidat et les bases techniques. D’autre part, beaucoup d’université/écoles ont désormais un jury de fin de première année.

    3 : En France aussi il faut valider certains cours. Par contre, comme il faut un grade de Master, les cours sont différents. J’ai vu à Singapour des « Ph.D. candidates » de 19 ans qui avaient à peine des bases de physique. Bien sur qu’ils doivent valider des crédits. Ensuite, la durée du doctorat Français de 3 ans rend compliqué les doubles diplômes MBA. En 3 ans, faire un projet de recherche et passer un MBA, c’est difficile… Cela dit, certaines université le proposent (Sorbonne Univ./collège des ingénieurs par exemple)

    4 : En France, avant de faire un doctorat, vous avez obtenu un Master, donc effectué un stage de Master (6 mois) qui peut se faire en Entreprise. 1/2 mois de stage, c’est ridicule. Avant d’arrivez en doctorat, j’avais 18 mois d’expérience en entreprise (Césure + stage).

    5 : En science, 50% environ des docteurs s’oriente vers le privé et ce chiffre est plutôt en augmentation. C’est certes moins qu’aux US, mais dire que c’est le principal débouché est l’académique est exagéré.

    6 : En école il y a aussi une rémise des diplômes… bon… c’est l’occasion de faire la fête… c’est sympa… certes… Ça ne change pas un diplôme
    Le réseau est important en revanche, mais à nouveau, ce n’est pas un problème de diplôme mais plutôt de système . Les écoles d’ingénieur, par exemple, valorisent cette culture du réseau, y compris chez leurs docteurs.

    7 : Un contrat doctoral est un CDD. Selon la lois, vous êtes salarié avant d’être étudiant. C’est donc une expérience professionnelle. D’autre part, en tant que salarié, vous cotisez pour votre retraire, votre sécu, etc… Les US sont donc en retard de ce côté là si ce que vous dites est vrai.
    Ensuite, la comparaison de salaires entre sortie de doctorat en France avec des salaires Deep Tech aux US n’ont aucun sens. Si on compare ce qui est comparable, le salaire de sortie de doctorat en science est proche de celui des écoles d’ingénieur, donc tout à fait dans les barêmes. Si on compare aux US les salaires sont souvent 2-3 fois supérieurs à ceux de France à poste égal. Mais le systèmes est très différent avec des assurances santé payantes, des frais de scolarisation aussi, où les loyers sont très important (DeepTech = souvent Silicon Valley avec les loyers qui vont avec). Bref, comparons ce qui est comparable.

    Vous comparez deux diplômes équivalents mais dans des systèmes très différents.

    Un facteur très important dont vous n’avez pas parlé est la nature des candidats. En France, les élèves qui s’orientent vers le doctorat ont souvent une appétence pour la recherche académique car, comme vous l’avez dit, un doctorat n’est pas indispensable pour accéder à des postes à haute responsabilité dans le privé. Cela change aussi beaucoup les choses.

    Est-ce un problème? Je ne suis pas sur. Les ingénieurs et docteurs Français sont extrêmement appréciés à l’étranger car la formation est, in fine, très bonne. La qualité, l’encadrement et le contenu sont bons. C’est finalement le plus important à mon sens.

    Bien cordialement

    • Jean Claude dit :

      Article intéressant.
      Oui je suis d’accord avec vous David que la comparaison des niveaux de salaires comporte des biais, sachant que les réalités économiques sont différentes. Toutefois, comme l’article le résume si bien, il existe fondamentalement une différence dans le parcours doctorale français et le Phd nord-américain. Je suis au Canada et nous avons le meme parcours au Phd que les USA.
      -Non l’entrée ne se fait pas avec un Bachelor, mais plutôt avec un Master (les admissions exceptionnelles par le grade de Bachelor sont généralement pour les Bacc honor (>=4ans) qui sont des Baccalauréat spécialisé; et dans ce cas, la scolarité de l’étudiant est prolongé pour lui permettre de terminer le master et poursuivre sans interruption au doctorat.
      -La durée: Si en France la durée est fixée à 3ans (durée maximum), il faut noter qu’aux USA et au Canada le parcours du Phd à une durée minimal de 4ans (temps plein) et très généralement se terminera sur cinq à six ans. Celà est du à la particularité du parcours qui intègre un approfondissement de la théorie disciplinaire (bien en sus des cours de Master), et de méthodologie de recherche approfondie (différemment dénommé). Ces cours durent en général une année et sont sanctionné à la fin par le QE aux USA connu comme Examen de synthèse au Canada. Il s’agit d’une deuxième étape de selection rigoureuse (après la sélection à l’admission) qui s’assure de la maitrise de la discipline par l’étudiant. Cet examen est obligatoire dans tous les programmes de Phd en Amérique du nord (USA et Canada) et est souvent soutenu devant un jury interuniversitaire.
      Constats :
      2-N.B: Contrairement à ce que vous avancez, le QE ou encore l’examen ne sait fait pas avant le master, cet examen ne peut être envisagé avant les cours de doctorat (il se fonde sur les cours de niveau doctoral et non de master).
      -Une autre étape de la sélection consiste à la rédaction du projet de thèse qui est aussi sanctionné par un jury interuniversitaire. Ce n’est qu’après ces étapes qui consiste à construire chez l’étudiant de réelles aptitudes pour la recherche (c’est l’objectif visé par le parcours du Phd) que la thèse peut être entrepris. Les cours durent en général 2ans avant l’entame de la phase de collecte de donnée et de rédaction qui suivant les disciplines prendra entre 2ans à 4ans.
      Précision: Le Phd reste toujours fidèle aux exigences de son parcours et prend encore cette durée au Canada et aux USA. Seules quelques programmes de Doctorats professionnels (DBA par exemple) proposent des parcours moins longs, mais qui n’ont pas un objectif focussé sur la recherche comme tremplin. A noter qu’au Canada, le DBA (très rares comme programme doctoral) obéit à la meme tradition et exigences que le Phd avec quelques légères différences.

      Alors qu’est ce que cela donne comme différence entre le doctorat Français et le Phd:
      -Il est clair que vu la complexité du parcours (niveau de sélection, accent mis sur l’approfondissement des capacités de recherche et de production) la quasi-totalité des titulaires du Phd font siens la recherche par leur capacité de production d’articles scientifiques. Ces qualités sont d’ailleurs entretenues à dessein pour soutenir un des secret de financement des universités en Amérique du nord, car ici l’aptitude et le dynamisme à la recherche des professeurs (donc Phd) sont importantes pour mobiliser les sommes énormes alloués en subvention de recherche aux universités.
      -En général l’étudiant au Phd produira tout au long de son parcours des articles et participera à plusieurs conférences avant même l’obtention de son diplôme.

      3-Le Phd ne peut être envisagé sur trois ans (Quelques très rares cas comme les sciences dures : Mathématiques, physiques etc arrivent à le faire), mais la durée moyenne reste de 4 à 6 ans. Pour l’encadrement, il faut noter qu’en Amérique du nord, chaque Professeur habilité à diriger forme en soi un laboratoire et dispose très souvent de grosses subventions de recherche (indicateur de son activité scientifique, puisqu’il faut produire pour avoir la subvention), donc l’encadrement est des plus personnalisé possible. Ici il n’existe pas de protocole pour approcher son directeur, de même que la distance enseignant-professeur n’existe. En général les Directeurs appartiennent à des chaires de recherche dont fera partie l’étudiant.

      4-Il faut savoir que la problématique de l’arrimage diplôme-emploi va au-delà du doctorat. En Amérique du nord il existe une grande coopération entre le système scolaire et le monde de l’entreprise, visible de part la très grande diversité des majeurs au premier cycle du Bachelor, mais aussi au master et au Phd. Bien que le Phd de part sa configuration forme pour la recherche et l’enseignement, il faut noter que l’innovation accrue et la dynamique des affaires et des transformations sociales ont conduit la recherche hors des cadres universitaires. Aux cotés des universités, des think-tank, des observatoires et mêmes des entreprises privées portent la recherche et sont donc fortement consommateurs de profils aptes à la recherche et donc les Phd.

      5-L’expérience de travail des Phd: Noter que beaucoup de programmes de Phd exigent une expérience de travail avant d’intégrer les programmes. De meme, il est de coutume pour un étudiant en Amérique du nord de mobiliser tout au long de son parcours académique (après le secondaire) tout une panoplie d’expérience par les jobs d’été (porté par le gouvernement) et les programmes coop, de sorte qu’au niveau du 3eme cycle on a généralement du monde qui ont une expérience. Cela dit le parcours du Phd en lui meme est considéré comme une expérience, qui fait que dans la plupart des universités le Phd recruté comme professeur jouira de 5ans d’expérience sur la classification.
      Aussi, généralement après l’examen de synthèse, QE aux USA, plusieurs programmes vont permettre à leurs étudiants d’enseigner ou d’être assistants de recherche, ce qui constitue des emplois au sens de la loi et de fait donne droit à des cotisations sociales.

      -Les salaires : Nous vivons dans un monde globalisé où les meilleurs sont prisés sans frontière particulièrement dans la recherche. S’il est vrai que les niveaux de revenus sont généralement supérieurs en Amérique du nord comparativement en France, le marché du travail dans la recherche n’a pas de frontière fermé. Je connais quelques titulaires du doctorat Français qui se sont fait une bonne place ici, meme si la préférence reste les Phd. Donc là encore, c’est la loi du marché !

      6-La tradition de la collation des grades : Disons qu’aux usa et au Canada (pour ce que je connais) le choix a été fait de garder les traditions qui entourent le doctorat (depuis les traditions allemandes).
      -le nom: Philosophie doctor (Phd) reste une des preuves
      -l’accent mis sur la capacité à interroger les épistémès de la disciplines et de produire le savoir (philosophie……)
      -La graduation qui est plus qu’une cérémonie avec ces rites qui consacre l’admission, l’acceptation d’un nouveau ‘discipliné dans la tradition disciplinaire »; la discipline étant le socle meme des différents épistémès base d’un langage commun.

      En résumé:
      -Je note véritablement une forte dynamique de la recherche (je pèse bien mes mots) en Amérique du nord en corrélation avec la vitesse d’innovation et de croissance des industries. Certes d’énormes sommes sont allouées pour la recherche, mais humblement je pense que le secret réside dans l’aptitude des chercheurs (donc les heureux survivants du Phd) à porter sans ambages la recherche qui est par excellence leur terrain de chasse.

      -La complexité du parcours du Phd consacre à ses titulaires une grande aptitude à la recherche, qui fait qu’une fois recrutés dans les universités de renom, au bout de deux ans ils deviennent des professeurs agrégés preuve de leur dynamisme dans la publication (indicateur très suivi dans le milieu universitaire ici).

      -Oui le parcours Français du doctorat en 3ans après le Master est différent de celui nord-américain du Phd 4 à 6ans après le Master, Oui les noms différent; mais au regard des éclaircissements que je vous ai apportés, osons croire que la différence de 2 à 3 ans de scolarité n’est pas une durée de trop. En tout cas pour l’heure le Phd semble comme apporter quelque chose de particulier qui le rend plus prisé que le doctorat Français et c’est de cela dont fait cas l’initiateur de l’article. Mais après tout le Docteur ou le Phd sera jugé sur sa capacité à mener des recherches solides et utiles à la société.

      • SOME Ikpègnine dit :

        Bonjour. J’ai lu votre message avec beaucoup d’intérêt. J’attache du prix au deux systèmes. La portée de doctorant français ou le PHD c’est que les impétrants puissent apporter significativement à l’avancée de la société et de la recherche de façon générale.
        Toute fois j’aimerais solliciter des informations. Je suis en fin de cycle d’un master recherche en sciences de gestion au Burkina Faso et je compte poursuivre dans une université canadienne pour un PHD.
        Il s’agit de savoir comment accéder aux universités canadiennes pour les étudiants étrangers.

        Merci cordialement

    • MICHAEL TAY M K dit :

       » J’ai vu à Singapour des « Ph.D. candidates » de 19 ans qui avaient à peine des bases de physique. » David, je crois que vous vous trompez. Les etudes universitaires a Singapour sont tres selectives et commencent par BSc (Premier cycle) apres les ‘A’ levels (= Bac). On ne peut pas commencer le PhD a Singapour (NUS, NTU) sans avoir, soit un bon BSc (Honours) qui veut dire au moins Second Upper Honours, soit un Master (‘A’ levels +5). Le BSc (Hons) faut 4 ans apres les ‘A’ levels. Pour le direct PhD apres BSc comme aux Etats Unis sans passer par le Master, it faut 4-5 ans. Il y aura des cours et examens a valider. Si on a deja valide le Master, le doctorat se fera en 3-4 ans. Il n’y a pas de raccourci. Ce n’est donc pas possible de commencer un PhD a l’age de 19 ans a Singapour.

  3. Dombak dit :

    Article très intéressant .

  4. Angeline KANSE dit :

    Vraiment, grand merci pour cet article.
    Au Cameroun, les choses sont encore beaucoup plus différentes. Beaucoup de chemin reste à faire !

  5. Kenneth Nsah (Nsah Mala) dit :

    Article intéressant. Beaucoup de pays européens s’inspirent déjà du système PhD nord-américain, surtout en matière de mettre une emphase sur l’employabilité en dehors de l’académie. Par exemple, au Danemark où je fait actuellement ma thèse de PhD en littérature comparée, la durée est de 3 ans après obtention d’un Master de recherche (2 ans) ou 4 ans pour ce qui n’ont fait qu’un an de Master. Avant d’obtenir son PhD, il est obligatoire prendre des cours qui doivent apporter un minimum de 30 ECTS en plus de la participation dans des conférences, séminaires, la publication des articles, etc. La majorité de doctorants en sciences pures obtiennent leur financement auprès des entreprises et finiront aussi par y trouver d’emploi souvent alors q’en histoire d’arts, par exemple, beaucoup obtiennent leurs financements dans des enterprises culturelles, surtout des musées. Le PhD est un emploi selon la loi au Danemark et dans d’autres pays voisins comme la Suède, la Norvège, et la Finlande. Ce que nous appelons ici le Thesis Seminar est un peu semblable au QE ou le thesis proposal dans le système nord-américain. Il faut aussi un exchange académique obligatoire d’au moins 2-3 mois dans des institutions universitaires ou autres avant l’obtention de son PhD. En plus, les doctorants ont deux possibilités pour la présentation de leurs thèses: soit une monographie classique soit une thèse sous format d’articles scientifiques publiés ou soumis dans des revues scientifiques à comité de lecture. Il aussi une emphase particulière sur l’obtention des competences pouvant permettre de travailler hors académie, c-à-d dans des entreprises, dans des ONGs, ou créer son propre emploi, etc. Récemment, j’ai publié un article un anglais sur la situation du doctorat/PhD au Cameroun, mon pays d’origine, où nous mélangeons les approches Anglo-Saxon et Francophone, parfois avec des confusions, et avons encore beaucoup à faire en matière d’amelioration, surtout pour éviter la dépendance alarmante des docteurs/PhD sur l’emploi offert par l’État. Voici un lien pour mon article en anglais – http://ngangamedia.com/recent-protests-by-some-cameroonian-phd-holders-whats-the-way-forward/

  6. Antonio Hawkins dit :

    Certaines écoles, notamment en management, proposent aujourd’hui des « Doctorate in Business Administration » (DBA). Ces programmes sont réservés à ceux qui souhaitent réaliser ou poursuivre leur carrière hors du monde académique, car vous ne serez pas diplômé d’un doctorat visé par l’état français. IMPORTANT: seule un Doctorat (PhD), avec une inscription dans une école doctorale, vous permet d’obtenir ce diplôme.

    Le doctorat (PhD) demande à l’étudiant un travail permettant d’apporter une contribution significative au savoir, alors qu’un DBA est un mix entre des cours et un travail de recherche appliqué, un DBA permet plutôt d’apprendre à appliquer les théories et le savoir afin d’améliorer les pratiques professionnelles. Il me semble que vous mélangiez le PhD et le DBA. Le doctorat est le PhD, ce sont des diplômes en recherche. Le DBA n’est pas équivalent au doctorat ni au PhD.

  7. Clotaire dit :

    Article très intéressant.
    Je vous remercie
    Je pense que le système de phd est le plus recommandé pour une société qui se veut innovante dans tous les domaines. Plus particulièrement c’est ce qu’il faut en Afrique, un peu plus du concret. L’idée développée dans l’article est claire, et pour mieux l’apprécier, il suffit de se mettre dans la peau du docteur en Afrique francophone (vu que c’est la même formation qu’en France et donc généralement la même mentalité adopter); la plupart ne rêve travailler que pour l’Etat en tant qu’enseignant, au point où faute de recrutement pas l’Etat, beaucoup crient chômage chaque jour à qui veut l’entendre. Le système de doctorat en lui même ne permet pas toujours au doctorant de mettre ses connaissances au services de la technologie du point de vu pratique. Il serait intéressant de réadapter ce système aux enjeux de l’heure. Surtout en Afrique.

  8. lili dit :

    le doctorat français n’est pas le plus haut diplôme de l’enseignement supérieur. Le plus haut diplôme de l’enseignement supérieur en France est l’Habilitation à Diriger des Recherches.

  9. […] convaincre la société de l’utilité de la recherche. Aux Etats-Unis – où j’ai vécu – les métiers de la recherche sont beaucoup plus valorisés et cela donne de véritables leviers pour assurer son financement et les conditions de travail des […]

  10. Frédéric Muller dit :

    Une remarque que l’on peut aussi faire est que le « Phd » américain dote son titulaire d’une espèce de « titre » qui évoque, à mes yeux, une espèce de « titre de noblesse ». Je veux dire par-là que, en France ou en Belgique, on n’appelle « Docteur » que les titulaires d’un doctorat en médecine, alors que dans le système américain, un « simple » instituteur est appelé « docteur » pour peu qu’il soit titulaire d’un Phd en éducation, et, de par mon expérience, je peux dire que souvent, ils « tiennent » à leur titre.
    Ainsi, dans les écoles américaines, lorsque le nom de l’enseignant est indiqué sur la porte de leur classe, il est précédé, selon le cas, de la mention « Monsieur », Madame », « Mademoiselle » ou… « Docteur ».
    A noter aussi que de nombreux enseignants suivent, tout en exerçant, des formations « à distance » afin d’obtenir un Phd qui, outre le titre, leur offre une augmentation assez substantielle de salaire.

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