L’Antarctique comme témoin du changement climatique

L’Antarctique comme témoin du changement climatique

Lydie Lescarmontier, docteure spécialisée en glaciologie et changement climatique

Aujourd’hui, c’est la Journée mondiale du climat. Son objectif ? Sensibiliser et mobiliser l’action mondiale pour lutter contre le changement climatique. À cette occasion, Okay Doc interroge la chercheuse Lydie Lescarmontier, conférencière sur les sujets de la glaciologie et du changement climatique. Avec une expertise forgée au cœur des régions polaires et un doctorat en Océan, atmosphère et surfaces continentales, Lydie Lescarmontier nous emmène en voyage en Antarctique.

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consistent vos recherches en glaciologie ? Comment sont-elles liées au changement climatique ?

Lydie Lescarmontier : On associe souvent les recherches en glaciologie avec l’étude du climat. Et pour cause ! Le glaciologue français le plus connu est Claude Lorius, et ses études ont permis de mettre en évidence notre impact sur le climat. Mes études concernaient davantage l’impact du changement climatique sur les plateformes de glace et sur la calotte Antarctique en général. La grande question à laquelle je devais répondre au cours de ma thèse était de savoir si un glacier flottant sur l’eau, accélérait suite à la perte de son iceberg, et donc amenait plus de glace vers les océans, ou si au contraire il ralentissait. On sait aujourd’hui que les parties flottantes de ces glaciers agissent comme des bouchons de champagne, et lorsqu’elles vêlent des icebergs, libèrent en quelque sorte la glace située sur la calotte. Elles créent donc un effet d’emballement. C’est aujourd’hui ce que l’on observe notamment en Antarctique de l’Ouest.

Le glaciologue français le plus connu est Claude Lorius, et ses études ont permis de mettre en évidence notre impact sur le climat.

J’ai ensuite travaillé en tant que chercheur sur ce qu’on appelle le bilan de masse de l’Antarctique : c’est-à-dire calculer à l’aide de données GPS in-situ et de données de gravité du satellite GRACE, la quantité de glace présente sur le continent et son évolution au cours du temps.

Vous avez étudié le glacier Mertz en Antarctique. En quoi cette étude nous aide-t-elle à comprendre les effets du changement climatique sur les glaciers et les calottes glaciaires ?

Lydie Lescarmontier : Pour faire suite à la première question, nous avions choisi le glacier Mertz car il avait une partie flottante (ce que l’on cherchait) et parce que sa surface montrait une fracture qui se développait dans le temps, laissant présager d’un prochain « vêlage » et donc la perte de son iceberg. En suivant toutes ces étapes, on voulait comprendre si après ce vêlage, le glacier allait accélérer. Le glacier Mertz était un parfait laboratoire pour comprendre tous ces processus, car situé à 250 km de la station Dumont d’Urville, où l’Astrolabe se rendait chaque année. Nous pouvions donc utiliser ce moyen de transport pour nous y rendre.

Pouvez-vous nous présenter vos livres « L’Empreinte des glaces » et « La Voix des pôles » ? Quel message souhaitez-vous transmettre à travers eux en ce qui concerne le changement climatique ?

Lydie Lescarmontier : En embarquant sur l’Astrolabe pour la toute première fois, je me suis rendu compte qu’il existait très peu de livres sur ce type d’expéditions. J’ai fait huit expéditions scientifiques en Antarctique, puis d’autres ensuite à titre documentaire, mais les seuls récits qui se rapprochaient de l’aventure que je vivais étaient les aventures de grands sportifs ou d’explorateurs. Mais rien avec le point de vue d’un scientifique ou d’une simple jeune femme. Je me suis donc dit que j’avais l’opportunité d’écrire ma propre histoire ! “L’Empreinte des glaces”, c’est un livre hommage sous la forme d’un carnet de voyage. Il raconte le dernier trajet de l’Astrolabe vers l’Antarctique, car le bateau sur lequel j’avais fait l’ensemble de mes missions allait être remplacé. Je voulais parler de sa rusticité, de son équipage, des scientifiques à bord et de la véritable aventure que l’on vivait …! Bref, réécrire un peu les carnets de notes que j’avais prises pendant mes embarquements. Quand j’ai parlé de cette idée à Romain Garouste, ami illustrateur de longue date, il a été tout de suite emballé ! Il m’a donc rejoint dans cette aventure.

“La Voix des pôles” est un récit plus personnel, où je dresse le bilan de ces dix ans de recherches, aussi à la manière d’un livre de bord. Mais dans ce livre, je souhaitais aussi aborder les enjeux autour de ces régions polaires et montrer à quel point elles sont impactées mais surtout à quel point elles sont importantes. Le livre se lit comme un récit d’aventures dans lequel j’ai inséré des petites fiches scientifiques.

En tant que conférencière, quelles sont les principales idées que vous souhaitez communiquer concernant l’importance des régions polaires dans le contexte du changement climatique ?

Lydie Lescarmontier : On sous-estime souvent l’importance des régions polaires dans le fonctionnement du climat. Mais c’est là que tout commence ! Je souhaite à la fois montrer les enjeux, expliquer ce qui nous paraît souvent flou, mais surtout engager en partageant ma passion. La découverte de l’Antarctique a complètement changé ma vie et m’a emmené dans des directions qui m’étaient totalement insoupçonnées. 

On sous-estime souvent l’importance des régions polaires dans le fonctionnement du climat. Mais c’est là que tout commence !

Je souhaite aussi montrer qu’il est encore temps d’agir, que l’avenir n’est pas que tout noir, et que de formidables opportunités se profilent dans le monde de demain.

Selon vous, comment l’éducation au changement climatique peut-elle contribuer à sensibiliser les gens et à favoriser des actions positives pour contrer ses effets ?

Lydie Lescarmontier : L’enjeu autour de l’éducation est multiple. Elle permet de développer son esprit critique face à l’immense quantité de fake news. De s’engager davantage, car on mesure l’importance de ce que l’on connaît et comprend (et de ce que l’on aime !). Et enfin, la compréhension permet de réfléchir aux solutions. J’ai travaillé 5 ans dans un centre UNESCO sur l’éducation au changement climatique dans les pays en développement. Former les enfants, leurs enseignants mais aussi les décideurs politiques, les entreprises, c’est investir pour l’avenir.

L’enjeu autour de l’éducation est multiple. Elle permet de développer son esprit critique face à l’immense quantité de fake news.


Okay Doc : Vous souhaitez en apprendre plus sur ce sujet fondamental ? Écrivez-nous à contact@okaydoc.fr pour réserver votre conférence avec Lydie Lescarmontier pour vos événements d’entreprise !


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