Comment valoriser mon doctorat sur le marché de l’emploi ?
Beaucoup de jeunes docteurs et de doctorants s’interrogent sur la valorisation de leurs travaux et de leur parcours notamment auprès des entreprises privées. Comment valoriser son doctorat sur le marché de l’emploi Français ? Pour y répondre, Okay Doc interroge cette semaine Claudine Pierron, docteure en sciences de l’éducation et Cheffe de projets Transverses à l’APEC (Association Pour l’Emploi des Cadres).
Liste des questions
Comment l’APEC accompagne les doctorants et chercheurs dans leur projet professionnel s’ils souhaitent se diriger vers le privé ?
Claudine Pierron : Nous avons développé des ateliers spécifiques qui leur permettent de recenser leurs compétences, de décliner leurs projets de recherche afin de travailler leur projet professionnel. Ils ont besoin d’être guidés dans l’explicitation de leurs connaissances, réalisations significatives et valoriser leurs qualités comportementales. Nous mettons également à leur disposition nos différents ateliers (CV, réseaux sociaux, entretien de recrutement, potentiel marché), nos études et notes de conjoncture. Nous avons aussi des outils digitaux qui leur donnent accès à des informations précises sur le marché et les entreprises qui recrutent. Nous les accompagnons à comprendre le marché et à utiliser avec pertinence notre site et surtout à sélectionner des offres qu’ils n’auraient pas imaginé dans un premier temps.
De nombreux chercheurs ne savent pas suffisamment valoriser leur doctorat lorsqu’ils candidatent à un emploi, comment l’expliquez-vous ?
Claudine Pierron : Ils n’ont pas préalablement travaillé sur la description des compétences qu’ils ont développées durant ces trois ans. Ils restent très académiques et ne vont pas procéder par une présentation par thématique, par résultat, par enjeu. Ils restent modestes sur les résultats obtenus, le contexte, l’investissement et les interlocuteurs clés. La thèse en 180 secondes est un bon exercice pour valoriser le doctorat, nous avons au sein de l’Apec un atelier “démontrer pour convaincre” qui fait travailler sur son attractivité et les qualités développées. Il y a aussi une nécessité de travailler toute l’année son parcours d’acquisition de compétences à travers son portfolio régulièrement complété. C’est un outil indispensable pour mettre en valeur ses compétences en qualité de chercheur.
Comment les jeunes docteurs peuvent mettre en avant leur expérience doctorale lors d’un entretien ?
Claudine Pierron : Les jeunes docteurs ont pendant trois ans mené un projet avec pugnacité de grande envergure qui exigeait le développement de nombreuses compétences telles que l’analyse critique, la gestion des imprévus… Elles sont toutes décrites dans le référentiel RNCP Doctorat. Je les invite à travailler avec les blocs de compétences pour organiser la visibilité de leur doctorat. Ils pourront ainsi argumenter et donner des exemples probants.
Quels sont les secteurs qui recrutent le plus de chercheurs aujourd’hui ?
Claudine Pierron : Nous venons juste de sortir une étude : 4 offres sur 10 proviennent d’entreprises des secteurs de l’ingénierie R&D et de la santé-action sociale, soit une proportion 2 fois plus importante que pour l’ensemble des offres.
Inversement, moins d’une offre sur 10 ouverte aux BAC +6 et plus provient du secteur des activités informatiques alors qu’elles représentent au global 20%.
Avoir fait une thèse en sciences humaines, est-ce un handicap si on souhaite s’orienter dans le privé ?
Claudine Pierron : Je ne dirais pas « handicap », c’est un peu plus long pour identifier les bonnes cibles, un travail sur les compétences transverses est nécessaire et une identification des mots-clés utilisés par les offres d’emploi pour retravailler son CV. J’insiste sur la description de ses compétences à partir du RNCP qui facilitera la lecture d’un Docteur SHS. Grâce à ce travail, l’investigation sur les job boards sera facilitée. Nous mettons en pratique dans nos ateliers ce travail en demandant aux docteurs de réaliser des recherches par mot-clé et souvent, ils sont très surpris. On réalise un gros travail de définition des mots-clés pour leur montrer que des offres dans le privé existent pour eux.
Que faire quand notre profil ne correspond pas exactement à la description du poste ? Recommandez-vous les candidatures spontanées ?
Claudine Pierron : On ne correspond pas à 100% à une description de poste mais certaines missions peuvent être valorisées. Les candidatures spontanées sont intéressantes si préalablement une recherche a été réalisée sur l’entreprise et sur les projets en cours. Ceci permettra de valoriser des sujets qui sont en adéquation avec les préoccupations ou priorités de l’entreprise et démontrer sa valeur ajoutée.
Quelle est la place des réseaux sociaux lorsqu’on recherche un emploi ? Finalement, que recommandez-vous en pratique ?
Claudine Pierron : Les réseaux sociaux contribuent à rencontrer des personnes susceptibles d’être intéressées par son profil, de faire partie d’une communauté qui peut être votre sponsor. C’est aussi mettre en visibilité ses recherches, publier des articles, réaliser des enquêtes métiers. Participer à des évènements, mettre en place des alertes offres d’emploi, être en contact avec des recruteurs, suivre des entreprises, des groupes de professionnels. L’accès à l’information est plus fluide. Les rencontres sont dans l’instantané.
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