Medtech : « Epsidy, c’est une volonté de développer la recherche clinique »

Medtech : « Epsidy, c’est une volonté de développer la recherche clinique »

Medtech

Docteure en génie électrique, Myline Cottance s’est associée avec plusieurs collaborateurs pour fonder une nouvelle entreprise spécialisée dans la Medtech. Avec Epsidy, ils souhaitent améliorer la recherche clinique en créant de nouveaux dispositifs médicaux et en oeuvrant pour une meilleure prise en charge des patients ayant été victimes de crises cardiaques.

Quel est votre domaine d’activité ?

Mes activités s’inscrivent dans le domaine de la santé et plus précisément des dispositifs médicaux. Je travaille dans la recherche et le développement de capteurs électrophysiologiques. Ce sont des dispositifs qui mesurent l’activité électrique du corps humain et pour certaines applications peuvent également envoyer des stimulations électriques. Par exemple, les capteurs d’électrocardiogramme enregistrent les impulsions électriques générées par les battements du cœur à travers la peau. Nous sommes donc dans le domaine de la Medtech.

Pouvez-vous nous raconter votre parcours de thèse ?

Chimiste de formation, j’ai découvert par hasard en fin de master deux domaines qui m’étaient inconnus : la microélectronique et la santé. Ce mariage m’a tout de suite plu. J’ai été accueillie par le laboratoire ESYCOM (Électronique, systèmes de communications et microsystèmes) dans le cadre d’une thèse de science à l’ESIEE, école d’ingénieurs située à Marne la Vallée.

Sous la direction du Pr. Gaëlle Lissorgues et l’encadrement du Dr Lionel Rousseau, je suis devenue rapidement autonome dans la réalisation d’interfaces capteurs-cellules. Durant la première année de ma thèse, l’ESYCOM m’a donné l’opportunité d’aller me former à l’Université du Michigan aux Etats-Unis sur les différentes techniques de microfabrication.

J’y ai découvert une toute autre culture et manière de travailler. Partir seule à l’étranger, présenter à l’oral, participer à des conférences internationales etc. Toutes ces situations entraient en conflit avec ma nature introvertie et mon manque de confiance en moi. Ces opportunités m’ont permis de me dépasser, par l’entraînement, le travail, et surtout un entourage de personnes bienveillantes. Les obstacles qui me semblaient insurmontables sont devenus accessibles. 

La thèse fut une expérience enrichissante et formatrice. Elle m’a épanouie professionnellement et personnellement. C’est un voyage dont on apprend autant des autres que de soi-même : travail collaboratif, résilience, persévérance, ouverture d’esprit, adaptabilité, capacité rédactionnelle, capacité à gérer le stress…

Quels sont les principaux résultats de votre recherche ?

Mes principaux résultats portent sur les interfaces neuro-électroniques. Mon travail consistait à concevoir, développer et fabriquer de façon reproductible, et enfin caractériser des matrices d’électrodes rigides ou souples, in-vitro et in-vivo. Les applications sont dans le domaine de la réhabilitation fonctionnelle : permettre aux personnes paralysées de retrouver des fonctions motrices et aux personnes malvoyantes de recouvrer la vue.

J’ai collaboré avec divers acteurs dont le CEA (Commissariat à l’Energie Atomique), l’IDV (Institut de la Vision), l’IMS (Laboratoire de l’Intégration du Matériau au Système) et l’INCIA (L’Institut de Neurosciences Cognitives et Intégratives d’Aquitaine).

Les 3 apports principaux de mon travail ont été : de nouvelles interfaces pour l’enregistrement des signaux neuronaux dans le vivant ; la biocompatibilité in-vitro et in-vivo d’un nouveau matériau, le diamant dopé, comme interface neuro-électronique ; et la validation d’un protocole chirurgical pour le suivi d’implants rétiniens in-vivo.

Pourquoi avoir cofondé Epsidy avec Guillaume Calmon ? Quels sont les objectifs derrière la création d’une startup medtech ?

Avec Guillaume Calmon et deux chercheurs, Jacques Felblinger et Freddy Odille, nous avons fondé Epsidy, autour de valeurs partagées, d’une passion commune pour les dispositifs médicaux et d’une volonté de développer la recherche clinique, le diagnostic et les thérapies. Au-delà de notre convergence de vues, notre complémentarité est un critère essentiel qui permet de grandir ensemble et mener à bien notre projet.

Le premier objectif est de doter la recherche clinique de capacités étendues pour les maladies cardiovasculaires. Le second objectif est d’apporter une amélioration de la prise en charge des patients ayant été victimes d’une crise cardiaque, en termes de diagnostiques et de thérapies. À terme, la combinaison des mesures électriques du cœur avec l’IRM cardiaque conduirait à un modèle électro-anatomique et fonctionnel, dont l’application serait la planification des interventions cardiaques.

Quelles sont vos missions personnelles ?

Mes missions personnelles sont liées à mes valeurs qui dictent mes actions, mon comportement et mes choix. Je veux être utile en apportant de nouveaux dispositifs médicaux à forte valeur ajoutée ayant un impact réel sur les patients et dans le monde médical. Je veux apprendre d’Epsidy, que ce soit des échecs ou des expériences, et mettre à contribution mes compétences et mon expérience professionnelle au service de la startup, de la recherche clinique, du monde médical et des patients.

Enfin, je veux développer un environnement propice à l’épanouissement avec une diversité culturelle, de nationalités et de parcours professionnels. Je suis persuadée que cette richesse conduit au succès pour développer de nouveaux produits innovants et des services pensés différemment. 

Pourquoi ce choix d’aller vers l’entrepreneuriat et de créer une entreprise Medtech ?

Le choix de l’entrepreneuriat fait écho à un désir d’aventure professionnelle dans le domaine des dispositifs médicaux, qui me passionne, et à un défi personnel. Après ma thèse, j’ai rejoint une startup de la Med Tech en tant qu’ingénieure R&D. J’étais la première employée. Mon rôle a évolué pendant les 7 années passées chez Sensome.

De la R&D, j’ai évolué vers la Qualité, les Affaires Règlementaires, puis le suivi de la Production. À la suite de cette expérience, j’ai souhaité découvrir les aspects plus amonts de la création d’une nouvelle société, prendre plus de responsabilités, développer mes compétences et, je l’espère, accompagner le développement d’Epsidy.

Comment mesurez-vous l’importance des Medtech dans l’amélioration des conditions de santé des populations ?

Depuis plusieurs décennies, la Med Tech est au cœur de l’amélioration des conditions de santé notamment par des progrès dans le diagnostic et dans les traitements apportés aux patients. Face à la profusion de projets, une nouvelle technologie doit répondre à un besoin identifié pour être adoptée. On peut mesurer son impact de différentes manières : que ce soit par des métriques portant sur le patient (diminution de la mortalité, qualité de vie, bien-être, récupération plus rapide, risques infectieux diminués…) mais aussi des critères portant sur le système de soin (facilité d’utilisation, automatisation, digitalisation…)voire des améliorations touchant les populations (meilleure prévention, diminution des risques…).

Nous sommes au milieu d’une révolution technologique dont les mots-clés sont “intelligence artificielle”, “Big Data”, “machine learning”, “impression 3D”. Les avancées sont considérables. Epsidy s’intéresse au problème des suites d’une crise cardiaque, et développe une approche qui entre dans le thème de la “médecine personnalisée”. Le challenge est de modéliser un cœur malade, en faire un “jumeau numérique” pour prédire la meilleure thérapie. L’application est d’abord la recherche clinique puis à terme un meilleur circuit diagnostic pour les patients. Enfin, dès le démarrage, Epsidy prend en compte les contraintes de flux de travail et la logique de coûts et remboursements.

Selon vous, qu’elle valeur ajoutée peut apporter un docteur/ une docteure à une entreprise ?

Un docteur ou une docteure développe une expertise lors de son doctorat dans différents domaines, en particulier : capacité rédactionnelle, conception et mise en œuvre d’une méthodologie de recherche, communication des résultats. En outre il ou elle apporte une diversité et une expérience qui lui est propre car spécifique à son sujet de recherche.


Par Léo Olivieri, journaliste web et responsable de la newsletter Back To Science chez Okay Doc.



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